Des riverains se mobilisent face à un projet immobilier incluant l’installation d’une plateforme logistique dans leur rue.
De petites affiches sont apparues autour de la rue Jean Dollfus : les habitants s’inquiètent de la construction d’une plateforme logistique au numéro 13 et appellent à la mobilisation. L’investisseur, Cogedim, a racheté les locaux de l’entreprise Applimo, dont les entrepôts n’étaient plus utilisés de longue date. Pour les voisins, l’implantation annonce diverses nuisances.
Bien sûr, ils craignent pour la tranquillité du quartier. Les travaux devraient durer deux années. Il faudra détruire le bâti existant, creuser deux niveaux en sous-sol puis dresser cinq bâtiments sur la parcelle, dont le plus haut atteindra huit étages (contre trois actuellement).
Mais surtout, les riverains mobilisés craignent, à long terme, pour la sécurité de leur rue. Jean Dollfus est en sens unique, allant de la rue Leibniz au boulevard Ney. Outre l’engorgement pendant les travaux, la circulation et la sécurité des piétons une fois la plateforme en fonction pourraient être impactées. « Les vélos cargos la prendront en contre-sens, éventuellement en empruntant les trottoirs, pour se charger ou partir plus vite », assure Jean Roche, qui compte parmi les riverains mobilisés. Or, de nombreux piétons empruntent cette petite artère au large trottoir qui mène à des crèches, des écoles, des collèges et bientôt à la nouvelle piscine. L’angle de braquage des vélos cargos apparaît trop ouvert pour aborder la petite rue depuis le boulevard, seule piste cyclable à proximité. Quant aux camions de livraison, les riverains voient difficilement comment ils pourront aborder l’entrée de l’entrepôt.
Déjà prévu au PLU
Reste que l’installation d’une plateforme logistique à cet endroit est déjà inscrite au plan local d’urbanisme. Et sur le plan architectural le projet est dans les clous. « Il y a des centres logistiques dans Paris et compte tenu des conditions de consommation actuelles, il y en aura encore d’autres à installer », assure Mario Gonzalez, adjoint (PS) au maire du 18e chargé de l’urbanisme et du logement. « Mais nous pouvons entendre les craintes des habitants, et envisager des aménagements pour faire en sorte que l’équipement soit le plus vertueux possible. » A cet effet, la Mairie a organisé deux réunions avec les services de la voirie et Cogedim. L’adjoint au maire en charge de la voirie n’a pas répondu à notre sollicitation. Mais la Mairie a proposé aux riverains inquiets de visiter un centre similaire rue Mouffetard. « Nous avons refusé, car c’est un quartier très différent, explique Jean Roche. Le 18e ce n’est pas la même sociologie que le 5e. »
La Mairie a aussi demandé à Cogedim de rédiger un cahier des charges à destination de l’entreprise qui opérera la plateforme. Celui-ci a été transmis aux services de l’urbanisme pour examen. Mario Gonzalez précise cependant que la Mairie n’a pas compétence pour contraindre au respect d’un tel document. « Et quel serait l’intérêt de l’investisseur de produire des règles contraignantes, alors que l’exploitant final n’est pas encore engagé », s’interroge Jean Roche. Aucune info n’est disponible quant à l’amplitude horaire de l’activité ou au nombre de véhicules attendu.
Et pour l’heure, rien ne semble concrètement s’opposer à la délivrance du permis de construire, même s’il n’a pas encore été accordé. « Malgré toutes les réunions et les échanges avec la Mairie nous avons l’impression que rien ne bouge » regrette Jean Roche.