Journal d’informations locales

Le 18e du mois

octobre 2022 / Le dossier du mois

Jardin d’Éole, à la rencontre du monde

par Orlane Paget, Sandra Mignot

Les Jardins d’Eole, dès leur ouverture, ont attiré de multiples activités de loisir. Si de nombreuses animations y sont organisées par la Mairie et les associations, différentes communautés ont su s’approprier les lieux et les équipements mis à disposition. Une mixité à l’image du nord-est parisien.

Depuis leur inauguration en 2007 grâce à la mobilisation d’habitants du quartier, d’associations et d’élus, les Jardins d’Eole ont parfois eu une existence mouvementée. Cette ancienne friche ferroviaire de quatre hectares, à la frontière du 19e arrondissement, est aménagée en plusieurs espaces : des jeux pour enfants, des terrains de basket et de football, un cani-parc, une ferme urbaine, des jardins partagés, un espace de sport en plein air.

Le lieu et ses riverains ont connu une période difficile, lorsque des toxicomanes usagers de crack l’avaient investi, rendant compliquée la cohabitation avec les autres utilisateurs du parc. Cette période étant désormais terminée, les riverains ont pu pleinement se réapproprier les lieux. Au cours de nos balades, nous avons discuté avec les usagers, échangé autour de leur utilisation de l’espace, des installations présentes dans le parc et de leur appréciation de l’ambiance générale.

Certains groupes ne parlant pas forcément le français, la communication a parfois été rendue compliquée. Mais nous avons souhaité partager ces rencontres aux Jardins d’Eole, parfois bien loin des clichés habituels.

Jardin partagé

Les membres du jardin partagé Le Trèfle d’Eole sont réunis en association depuis 2007, à la création des Jardins d’Éole. Environ soixante adhérents en font partie, habitant principalement les 10e, 18e et 19e arrondissements. Des parcelles collectives et individuelles occupent l’espace sur 400 m2. Chacun est libre de venir s’occuper de son carré de plantation quand il le souhaite, y planter ce qu’il veut. Le dernier dimanche de chaque mois, les adhérents se donnent rendez-vous pour entretenir les parcelles collectives et s’adonner ensemble aux travaux de jardinage. L’association essaie de nouer des liens avec les autres activités du parc et participe notamment à la Fête des jardins au mois de septembre. Avec la crise du Covid, les parcelles pédagogiques destinées aux écoles et aux centres de loisirs sont dans l’attente du retour de leurs jardiniers en herbe !

Bal du grand Parquet

Les Jardins d’Eole abritent également une scène qui dépend du théâtre Paris-Villette : Le Grand Parquet. Depuis 2012, cet établissement héberge des résidences d’artistes et propose les premières représentations de leurs travaux en devenir. L’espace est désormais strictement clos – au grand dam de ceux qui préféraient la conception initiale et largement ouverte du site – à la suite notamment de l’agression d’un salarié. Mais Le Grand Parquet continue d’accueillir les riverains, à l’image d’un bal populaire intergénérationnel, gratuit et organisé cette année le 19 septembre.

Tibétains

Chaque dimanche après-midi, des petits groupes investissent la partie sud des jardins, sous les arbres. Assis en cercle autour de jeux de société, d’un rami, ou devisant tout simplement, ce sont des ressortissants tibétains. Ils viennent de toute l’Ile-de-France : Noisy-Champs, Val d’Argenteuil, Saint-Ouen-l’Aumône... Kalsang, qui vit à Creil, et Nyma, qui habite Sartrouville (notre photo de couverture), se sont ainsi assises auprès d’une vendeuse de thé et autres beignets, surveillant du coin de l’œil leurs enfants sur l’aire de jeu. Tenzin, elle, vient de Saint-Denis et se charge de tenir quelques instants le stand de plats tibétains de son père pendant que d’autres jouent au sho, un jeu traditionnel.

Danseuses chinoises

Un groupe de danseuses chinoises s’entraîne sur les terrains de basket (ceux-là même qui ont été joliment rénovés à l’orée de l’été, grâce à l’association L’Etendart), tous les jours, de 9 h à 11 h . Ces dames sont une quinzaine, toutes âgées de plus de 50 ans. Elles habitent l’arrondissement et cet espace leur permet de se retrouver pour répéter leurs chorégraphies qu’elles présentent lors d’anniversaires ou de fêtes communautaires. Elles dansent pendant de longues minutes sur une même chanson, s’arrêtent puis regardent la vidéo de l’enregistrement, discutent entre elles et enfin se remettent à danser. Parfois elles changent de tenue, de musique et répètent les pas de danse d’une nouvelle chorégraphie.

Sportifs

De nombreux jeunes hommes viennent faire du sport sur les installations mises à disposition. Ils confient que les équipements sont de bonne qualité et que le fait d’habiter près du parc leur permet de venir régulièrement, d’autant plus que l’accès y est gratuit. C’est un lieu de rencontre pour les hommes qui viennent en groupe s’entraîner, un espace qui leur permet de se retrouver. Beaucoup viennent également seuls, écouteurs sur les oreilles, et bien que la barrière de la langue rende la discussion difficile, le sport est un moyen d’engager la conversation et de parler d’une passion commune. Même si l’espace est bien occupé par des habitués, le lieu reste accueillant pour les personnes qui viennent occasionnellement s’entraîner. N’y manque que… les sportives !

Photos : Jean-Claude N’Diaye et Thierry Nectoux

Dans le même numéro (octobre 2022)

  • La vie du 18e

    Territoire zéro chômeur, ça démarre !

    Noël Bouttier
    Inspiré d’une initiative d’ATD Quart monde – affecter l’ensemble des coûts du chômage au financement de l’emploi –, le dossier La Chapelle Nord a été accepté. Reste à lancer Activ’18, le nom donné à l’entreprise à but d’emploi. Des chômeurs sont partants.
  • La vie du 18e

    Cantines : bientôt des repas qui donnent envie

    Florianne Finet
    D’ici 2024, date de la fin du contrat avec le prestataire Sogeres, les repas proposés aux écoliers du 18e seront fabriqués dans l’arrondissement et servis le même jour.
  • Saint-Ouen - Clignancourt

    DÉ-LIVREZ LA RUE JEAN DOLLFUS ! [Article complet]

    Sandra Mignot
    Des riverains se mobilisent face à un projet immobilier incluant l’installation d’une plateforme logistique dans leur rue.
  • Grandes Carrières

    Bureaux de Poste : on ferme !

    Dominique Andreani
    Grosse surprise au retour des vacances pour les habitants des Grandes Carrières : le bureau de poste Vauvenargues va fermer. L’information a fuité et s’est vite répandue, grâce à une pétition citoyenne.
  • Grandes Carrières

    Colère chez Monoprix

    Sandra Mignot
    Les salariés sur le point de craquer.
  • Histoire

    LA VIGNE, TOUTE UNE HISTOIRE...

    Danielle Fournier, Jacky Libaud, Noël Monier
    Initiée à l’époque romaine, la culture du vin prend des allures d’exploitation agricole sous le long règne des abbesses. Dès le XVIe siècle et surtout au XVIIIe, les taxes qui frappent les marchandises font de la Butte un refuge pour les Parisiens et le bonheur des cabaretiers. A l’entre-deux-guerres, des artistes sauvent un dernier pan de vigne.
  • Les Gens

    Un baroudeur posé à Montmartre

    Erwan Jourand
    Depuis quarante ans, amoureux de Montmartre et habitant de Pigalle, Guy Sitbon a été de toutes les aventures de presse. D'abord correcteur, il sera correspondant, directeur commercial et surtout reporter, sans oublier un détour par la presse érotique.

n° 331

novembre 2024