Les étudiants sont aussi touchés de plein fouet par la crise actuelle. Des paniers alimentaires gratuits leur sont proposés à la résidence universitaire Philippe de Girard.
Dans le tiers-lieu de 60 m2, Chez Phi-Phi, au rez-de chaussée de la résidence universitaire Philippe de Girard, un tout nouveau dispositif était inauguré le 24 novembre : la distribution de paniers alimentaires à destination d’étudiants en difficulté. Dans une ambiance sobre, chaleureuse et sur fond de variété internationale, quatre ou cinq bénévoles masqués et gantés, respectant scrupuleusement les mesures sanitaires, les ont remis jusqu’à 19 h à des jeunes venus souvent en petits groupes.
Ce service a pu être mis en œuvre grâce au partenariat entre l’Association de la fondation des étudiants pour la ville (AFEV), une association engagée contre toutes les formes d’inégalités dans les quartiers populaires ou prioritaires et Linkee, une entreprise sociale doublée d’une association, qui récupère des invendus alimentaires pour des associations d’aide aux plus démunis, sans oublier le concours du Crous et de la Mairie de Paris.
« Grâce à ses réseaux, l’AFEV a su que Linkee proposait un service de distribution alimentaire pour les étudiants dans le 13e arrondissement. Comme elle ne disposait pas de lieu de distribution dans le nord de Paris et que l’on voulait soutenir ses actions solidaires, on leur a tout naturellement proposé de mettre à leur disposition notre salle de convivialité », explique Olympe Langelot, 32 ans, déléguée territoriale de l’AFEV.
Un panier équilibré et gourmand
« Un panier de 6-7 kg, cela fait trois jours de repas, pour le matin, le midi et le soir, rien que des produits équilibrés ou bio ! Des fruits, des légumes, des laitages, des féculents, des protéines animales et végétales, des plats préparés et bien sûr, des produits plaisir avec des biscuits et du chocolat ! » déclare avec enthousiasme Julien Meimon, le président de Linkee. « Nos produits proviennent de la restauration collective mais il y a aussi des grossistes, des commerçants ou des artisans qui nous ravitaillent », poursuit-il.
Ce premier jour, une soixantaine de colis alimentaires a été distribuée. D’ores et déjà, l’initiative fait l’unanimité parmi ses premiers bénéficiaires. Ainsi, pour Matar, étudiant en politiques publiques « c’est surtout l’occasion de faire des économies » et pour Marguerite, étudiante boursière en linguistique, « cette distribution alimentaire est vraiment la bienvenue car elle me permet de manger sainement ! »
Répondre aux besoins spécifiques
La majorité des étudiants bénéficiaires se sont retrouvés, du jour au lendemain, sans ressources comme Marcela, étudiante d’origine brésilienne en esthétique de la danse « depuis que j’ai perdu mon job de garde d’enfants, je cherche tous les moyens pour pallier mon manque d’argent et cette distribution est donc vraiment opportune », « d’autres ne peuvent plus travailler le soir dans les restaurants ou n’ont pas pu trouver de jobs d’été ou saisonniers pour financer leur année universitaire », complète Léa, salariée de Linkee, vendredi 27 novembre, deuxième jour de l’opération. L’atmosphère se veut toujours bon enfant et musicale, avec du Georges Michael, du Jean-Jacques Goldman et les Eagles en tête, car « il faut rendre ce contexte difficile un minimum joyeux ! ».
Outre cette aide alimentaire, l’AFEV et Linkee réorientent aussi, le cas échéant, les étudiants ayant des problèmes de logement ou d’accès aux soins, notamment les étudiants d’origine étrangère qui méconnaissent souvent leurs droits.
Des bénévoles de 20 à 68 ans
« Aujourd’hui, 80 colis doivent être remis aux étudiants. Les bénéficiaires ont vraiment de la chance car c’est une chef qui a cuisiné le goulash qui est au menu ! » poursuit Léa, enchantée. Les paniers sont distribués gracieusement aux étudiants de Paris ou de banlieue, sans conditions de ressources, mais sous réserve d’une pièce justificative de leur statut. Un étudiant bénéficiaire peut aussi devenir bénévole à son tour. Les personnes qui distribuent les paniers alimentaires ont en moyenne 23 ans. Ce sont des membres de l’AFEV ou de Linkee, ou des bénévoles qui ont connu cette action solidaire par le biais des réseaux sociaux. Cependant, on peut aussi y trouver des volontaires de la Ville de Paris venus par le biais de l’association Entourage ou de la Fabrique de la solidarité, comme Christine, âgée de 68 ans. « J’étais volontaire de la Ville de Paris dans l’organisation d’évènements sportifs, notamment les courses à pied. Mais à la suite de l’arrêt de ces manifestations, je me suis réorientée vers le soutien à l’aide alimentaire. Cela n’a rien à voir mais le contact avec l’ensemble des bénévoles est super ! ».
Si des colis alimentaires ne sont pas récupérés par les étudiants demandeurs, ils ne sont pas jetés mais redistribués vers d’autres associations caritatives telles que les Restos du Cœur ou redonnés aux bénévoles.
Photo : Dominique Dugay