Les abords de certaines écoles piétonnisés, des rues commerçantes barrées et des places de stationnement qui disparaissent : l’espace occupé par la voiture recule.
Votre quartier a changé pendant l’été. Outre les bornes jaunes signalant les nouvelles pistes cyclables, d’autres sont apparues coupant des portions de voirie devant les écoles publiques. Huit zones sont concernées : les rues Hermel, Ferdinand Flocon, Cavé, Philippe de Girard, Emile Duployé, de la Guadeloupe, Saint-Luc. Là les bornes devraient être prochainement remplacées par des portes battantes permettant l’accès des secours. La rue Vauvenargues est quant à elle l’objet d’un “apaisement” : des chicanes obligent les véhicules à ralentir.
Les abords de 22 autres établissements scolaires figurent sur une liste complémentaire que la Mairie étudie. « Il s’agit de réduire sensiblement la pollution atmosphérique et sonore en ville », précise Antoine Dupont, adjoint au maire du 18e, en charge des mobilités, de la voirie et de la transformation de l’espace public. « Et de se réapproprier une part de l’espace public captée par l’automobile. »
Des pour et des contre
On s’en doute, ces aménagements ne font pas le bonheur de tous, même s’ils sont annoncés depuis au moins un an (lire notre n° 276). Pour preuve, l’agitation qui a animé la réunion publique du 22 juillet organisée par la Mairie dans l’école Cavé. Celle-ci revenait sur les projets de piétonnisation et de modification des sens de circulation dans la Goutte d’Or (mis en œuvre dans la foulée). Les uns réclamant la piétonnisation de leur voie, des commerçants annonçant des pétitions contre la mesure, même si la plupart des riverains s’y montraient favorables.
Côté Montmartre, de nombreux projets sont aussi évoqués. « Là, il faut une réflexion approfondie car outre l’enjeu environnemental, il y a la question du tourisme, observe Antoine Dupont. Avec la crise sanitaire, le tourisme change. Nous aurons à attirer davantage la population française, francilienne, et à faire venir d’autres types de commerces, par exemple rue de Steinkerque. Cela peut aussi passer par la piétonnisation et un autre aménagement des lieux. »
Montmartre, un enjeu touristique
Quartier Lepic, Stéphane le bistrotier de la rue Germain Pilon, a suggéré la fermeture par intermittence des rues Lepic (dans sa partie basse) et des Abbesses (entre les rues Tholozé et des Martyrs), la suppression des stationnements hors livraisons, le développement de contre-étalages… Une pétition forte de 3000 signatures a été transmise à la Mairie avant l’été. Antoine Dupont annonce une réunion de concertation sur ce quartier au premier trimestre 2021 en rapport avec un projet antérieur voté au budget participatif. Rue Androuet, habitants et commerçants ont obtenu l’autorisation d’installer des pots de fleurs (mobiles) qui permettent de fermer le passage en journée. Quant à la rue Lavieuville, théâtre d’un incident cet été – un camion de livraison ayant délibérément foncé sur des terrasses, heureusement vides de consommateurs – habitants et commerçants semblent favorables à la piétonnisation.
Enfin, l’élu annonce qu’une partie des places de stationnement allouées aux terrasses cet été resteront fermées aux voitures. « L’objectif de la mandature est de diviser par deux le nombre de places en surface sur Paris, précise-t-il. Outre celles qui sont dans les rues fermées aux abords des écoles, d’autres seront réaffectées à la circulation et au stationnement vélos (boxes sécurisés), à des massifs végétaux ou à des terrasses. La Mairie de Paris travaille à modifier les règles d’autorisation et l’encadrement des terrasses. »
Photo : Jean-Claude N’Diaye