Le LMP, enfin dans ses murs ! Le seul théâtre de ce quartier populaire va pouvoir vivre plus sereinement et l’équipe qui l’anime continuer à se consacrer à la découverte de nouveaux talents.
La décision était très attendue : la Ville de Paris a préempté l’immeuble où le théâtre s’est installé, en 1968. Il était à nouveau menacé par la mise en vente des bâtiments des 35 et 37 de la rue Léon par le propriétaire, la holding luxembourgeoise Zaka. Les crises ont été nombreuses, depuis dix ans et en particulier depuis que la compagnie Graines de soleil a repris, en 2014 la gestion du théâtre et en assure la programmation (lire notre numéro de février 2018). « C’est un succès collégial de l’équipe qui nous comble de plaisir et aussi de fierté » se réjouit Julien Favart, comédien et metteur en scène, directeur du LMP. « Nous avons beaucoup d’ambition, de projets pour le théâtre, la Mairie connaît notre travail et l’apprécie. » En effet, en annonçant la préemption, la Ville de Paris, représentée par Christophe Girard, alors adjoint chargé de la culture, et Ian Brossat, adjoint en charge du logement, accompagnés d’ Eric Lejoindre, maire du 18e, ont souligné souhaiter s’engager « pleinement aux côtés des acteurs culturels pour sauvegarder ce bâtiment historique qu’est le Lavoir Moderne et maintenir son ambition culturelle. » En avril dernier, Anne-Claire Boux, candidate EELV dans l’arrondissement et désormais adjointe chargée de la politique de la ville avait à nouveau proposé cette solution pour « préserver ce lieu de quartier et qu’il garde son âme ».
Toujours avancer
Cet ancien lavoir construit en 1850 et décrit par Emile Zola dans L’Assommoir, a besoin de travaux d’isolation thermique car « parfois l’hiver, il fait plus froid dedans que dehors », plaisante Julien Favart. Ils devraient s’élever à environ un million d’euros mais permettraient d’utiliser davantage le lieu, notamment pour d’autres événements.
Un bailleur social devrait être désigné propriétaire des immeubles, le LMP devenant locataire. Des logements sociaux vont être construits dans une autre partie des bâtiments.
Il reste à concevoir un statut juridique pour le théâtre afin de préciser ses relations avec la Mairie. Des discussions sont en cours mais la situation sanitaire et les contraintes qui s’appliquent aux lieux culturels compliquent les rencontres... Des difficultés fortement ressenties par ce petit théâtre de 70 places pendant le confinement et qui pourraient se prolonger si les mesures de distanciation sont remises en vigueur dans les zones rouges !
Pour le moment, l’équipe de Graines de soleil se concentre sur la nouvelle saison car, selon le directeur, les travaux ne devraient pas commencer avant un an puis, sous la conduite du bailleur social choisi, s’étaler sur une année encore. La programmation du premier semestre 2020-2021 est en ligne : comme toujours, des « pépites », un soutien à de jeunes compagnies de talent, un souci de qualité. La saison s’ouvre le 17 septembre avec Lazare, pour une carte blanche autour des textes et chansons composées pour sa dernière trilogie théâtrale. N’hésitez pas à aller faire un tour sur le site ou la page Facebook !
Photo : Thierry Nectoux