Loin des clivages habituels, des citoyens de tous horizons mettent en action, ensemble et sur tous les fronts, leur conscience politique pour tenter de faire barrage aux réformes anti-sociales en cours.
Vous l’avez forcément aperçue ici ou là, dès que l’air vire au rouge : leur banderole est de sortie dans le 18e à chaque rendez-vous militant, piquets de grèves, manifs, rassemblement devant l’hôpital… D’ailleurs, comme fait exprès, le logo a un petit air de famille avec … le coronavirus ! Rien à voir pourtant... quoique. Le collectif informel « 18e en lutte » ou encore, simplement nommé « l’Interpro », s’est formé l’hiver dernier à l’occasion du mouvement social contre la réforme des retraites. Il a continué sa route au fil des mobilisations sociales qui ont jalonné l’année, l’école, l’hôpital et la santé – avec pour adversaire un autre genre de « virus » : les réformes néolibérales actuelles.
Mobilisés contre les réformes
Qui sont-ils ? Des habitantes et habitants de l’arrondissement issus d’horizons divers, ou qui y travaillent, certains par ailleurs rattachés à des organisations syndicales ou politiques – CGT, CNT, Sud éducation Paris, ATTAC, Cercle Manouchian, France Insoumise, Génération, Parti de gauche, Ensemble, entre autres – et des électrons libres. Leur point commun : avoir envie d’agir au niveau local contre le package de réformes néolibérales que veut faire passer le gouvernement. Retraites, éducation, santé, chômage, recherche, le collectif se donne rendez-vous dès que quelque chose bouge dans le 18e, pour voir, créer des liens de quartier, une dynamique et des actions communes entre les différents secteurs professionnels, les lieux d’action, les assos.
Cet hiver, ils se sont donné rendez-vous sur les piquets de grève du dépôt de bus Belliard, ont discuté avec les conducteurs et machinistes, soutenu leurs actions militantes par leur présence ou en diffusant des tracts. Ils se sont mobilisés avec (ou en tant que) parents et personnels des écoles en lutte. Ont organisé des départs communs pour les manifs depuis le 18e, s’arrangeant pour garder à tour de rôle les enfants.
Pendant le confinement, les réunions ont continué en virtuel. Déroulé de banderoles aux fenêtres, participation aux distributions alimentaires des Brigades de solidarité populaire (lire notre n° 283). Jusqu’aux premières manifs de désobéissance, malgré l’interdiction et malgré les amendes, en soutien à l’hôpital public. « Du fric, du fric, pour l’hôpital public ! », invitant les soignants à participer au collectif, à venir aux réunions, essayant de mobiliser pour les rassemblements devant Bichat, organisant des ateliers de rue de confection de masques.
Carnaval des luttes
A chaque sortie de la banderole rouge et noire, de nouveaux habitants prennent contact, rejoignent la troupe. D’autres, plus méfiants, y compris parmi les grèvistes, comme à Bichat, se méfient de ce groupe non identifié – avec la peur de la « récupération politique ». Le collectif d’habitants et travailleurs du 18e revendique pourtant son caractère informel . Pas de ligne univoque, pas de signature collective, pas de représentant. Le but est bien de fédérer, de mobiliser largement et de proposer autre chose : des liens de quartier entre les militants antilibéraux du 18e. AG tous les lundis soirs pour discuter agenda et modes d’action, les locaux varient, parfois prêtés par des organisations amies, parfois dans des cafés.
Au programme de cette rentrée, organiser un grand carnaval des luttes, avec stands, batucada… Et la participation aux manifs des 12 et 17 septembre. « Pas de retour à l’anormal ! »
Contact : interpro-paris18@lists.riseup.net