Alors que la Mairie de Paris souhaite reprendre la gestion des toilettes publiques, deux expérimentations ont attiré notre attention.
Devant le métro Abbesses un étrange ascenseur sort de terre, tous les soirs à 19 h 30. Ce sont des toilettes, dont le surgissement est actionné par le gérant du manège au moyen d’une télécommande. Une bonne idée qui n’oublie pas les femmes, chaque genre ayant son entrée spécifique. Le dispositif, baptisé Urilift, a été installé ici par la start-up néerlandaise Pop-up toilet. Pendant la journée, le nombre de buveurs et donc d’envies pressantes est moins important, aussi l’espace est libéré et les toilettes rentrent sous terre au petit matin.
Dans un autre quartier, tout autant fréquenté, un autre système est testé depuis le début août : deux « naturinoirs » ont été installés par la société Ecosec sur la promenade urbaine entre Stalingrad et Barbès. Le principe ? « Rien ne se perd, tout se valorise. » L’urine est donc pompée vers un réservoir, vidangé après 10 000 utilisations. Ce – désormais précieux – liquide est ensuite livré à une start-up picarde (Toopi) pour être transformé en engrais. Une petite partie est aussi traitée localement pour fertiliser les plantes qui sont disposées autour de l’édicule.
La partie mécanique est alimentée en électricité par un panneau solaire et le système est annoncé « anti-vandalisme et sans odeur », puisqu’il utilise une roche qui piège ces dernières. Malheureusement, un problème d’approvisionnement électrique a créé un dysfonctionnement, les passants se plaignant de fuites et autres odeurs peu agréables. Sur les conseils du constructeur, le dispositif devrait être déplacé de quelques mètres afin que les panneaux solaires soient mieux exposés. D’autre part, si au bout de quinze jours d’utilisation les plantes étaient encore vivantes certains usagers semblaient avoir pris les urinoirs pour de vulgaires poubelles. Ils sont cependant nettoyés tous les deux jours par une entreprise d’insertion. Dans ce système, pas de place pour les femmes même s’il est vrai que les trottoirs autour du métro La Chapelle sont surtout fréquentés par la gent masculine.
Photo : Danielle Fournier