juin 2024 / Solidarité et actions pour la Palestine
Militants chevronnés ou novices, étudiants,...
Militants chevronnés ou novices, étudiants, cinéphiles et amateurs de littérature : chacun peut s’engager afin de mettre en lumière le sort réservé actuellement aux Palestiniens.
À l’Union locale de la CGT, au 42 rue Clignancourt, Jean-Guy Greilsamer, habitant du 18e, membre de l’Union juive française pour la paix et de la nouvelle antenne d’Urgence Palestine dans l’arrondissement précise que cette dernière a été créée à la suite des événements d’octobre. « Nous défendons l’égalité des droits de tous ceux qui vivent entre la mer et le Jourdain, quelle que soit leur origine », rappelle-t-il.
Parmi les revendications du mouvement : un cessez-le-feu durable, la fin du blocus de Gaza et le droit à l’autodétermination. À cet égard, chaque mercredi soir, le collectif tient des réunions ouvertes à l’UL CGT et des rassemblements sont organisés avant celui de la place de la République, dans le but d’attirer localement divers publics.
Cultiver l’esprit d’initiative et de créativité
Symbole historique de protestation populaire, la rue n’a pourtant pas vocation à être la seule forme d’action. En ce sens, Jean-Guy Greilsamer souligne que plusieurs projets sont « en chantier mais que le collectif est ouvert à toutes nouvelles propositions afin de pérenniser les actions locales ». En témoigne la rencontre littéraire organisée le 28 mai à la librairie La Régulière pour débattre avec des actrices de la solidarité avec les Palestiniens.
C’est le cas de Catherina, la fondatrice de la librairie Maktabat Berfin située rue du Ruisseau, qui valorise l’importance de l’expérimentation. Librairie essentiellement composée d’ouvrages rédigés en langue arabe et importés du Caire, elle permet d’attirer de nombreux arabophones. Une fois par mois, Catherina organise des sessions de lecture en partenariat avec Gaza Passages. Ce collectif récolte des textes écrits par des auteurs palestiniens vivant à Gaza et confrontés à une déshumanisation indicible. Grâce à leur traduction dans plusieurs langues, ils offrent à un vaste public la possibilité de suivre la lecture en arabe effectuée lors de la session. Néanmoins, Catherina, ouverte à tout projet visant à mettre en lumière le sujet, souhaiterait atteindre un public différent. « J’aimerais qu’on fasse les lectures, là, dans la rue ! » s’exclame-t-elle en riant. Le public présent lors des lectures et concerts organisés est déjà averti et sensible à la cause palestinienne ; il est essentiel selon elle d’éveiller l’intérêt d’une audience plus étendue afin de favoriser un changement d’attitude et de souligner l’urgence de la situation à Gaza.
Une participation active
Comme le soulignait Rania, fondatrice du restaurant Ardi à porte de La Chapelle (voir notre numéro 326) : consommer palestinien est également un moyen de soutenir et de promouvoir la culture. C’est ce que fait depuis quinze ans l’association des Amis de la culture et des arts palestiniens rue Custine. Sur place, Krimo présente les aspirations de cette boutique entièrement gérée par des bénévoles. Vêtements, bijoux, livres : tout est d’origine palestinienne. Si Krimo déplore les complications rencontrées dans l’acheminement des marchandises depuis le début du conflit, tous les profits générés par la boutique permettent de financer divers projets culturels à l’instar de cours de chant et de danse dans plusieurs endroits, comme à Naplouse dans l’actuelle Cisjordanie. Depuis octobre, ce lieu attire une fréquentation accrue qui témoigne d’un engagement proactif à l’échelle du 18e, comme en attestent également les manifestations estudiantines. Un groupe d’une cinquantaine de personnes issu de diverses organisations s’est d’ailleurs réuni le 9 mai devant le commissariat de la Goutte d’Or, en réaction à la garde à vue de Luiggi, étudiant arrêté à la suite de l’occupation de la Sorbonne.
Depuis, des voix diverses et engagées se sont élevées en soutien à la Palestine et encore davantage en mai. Parfois isolées et méconnues, ces voix témoignent d’une solidarité profonde, comme en attestent les imposants rassemblements des 25 et 27 mai devant la basilique du Sacré-Cœur. Chaque acte, aussi modeste soit-il, contribue à tisser un réseau de résistance et à raviver l’espoir. •
Photo : Noame Toumiat