Journal d’informations locales

Le 18e du mois

février 2023 / Goutte d’or

Testés pour vous : deux coworkings à la Goutte d’Or

par Noël Bouttier

Marre de travailler chez vous ? Vous pouvez vous tourner vers un lieu de coworking. Nous avons testé deux espaces situés à la Goutte d’Or : la Permanence et la Manufacture.

Pour beaucoup, le rapport au travail n’est plus le même depuis la vague Covid. Au début de façon forcée, ensuite de façon plus organisée, le télétravail s’est imposé comme une alternative aux contraintes sanitaires. Et, parfois, comme un nouvel art de vivre. Mais quand le domicile est trop petit ou occupé par les enfants, il faut souvent trouver un lieu nouveau. Les espaces de coworking ont ainsi pris leur essor, notamment dans les grandes villes comme Paris. Le 18e n’échappe évidemment pas à la règle. Nous avons eu l’occasion de travailler dans deux lieux, tous deux situés dans le quartier de la Goutte d’Or. Nous vous racontons ces espaces.

➜ la Manufacture

Un lieu d’histoire magnifique !

La Manufacture est située 8 rue Myrha. Ce qui frappe en découvrant le lieu, c’est sa majesté. Un grand bâtiment lumineux sur trois niveaux, avec des coursives autour des piliers en métal de la fin du XIXe siècle.« Le lieu comprend deux bâtiments, nous raconte Nicolas Renou, son responsable. Celui qui donne sur la rue a été construit en 1897 par les frères Rosfelder qui ont aménagé un atelier de vente de pièces détachées pour cycles et automobiles. Au fond, l’autre bâtiment a été construit en 1910 par les ateliers Eiffel qui ont réalisé ainsi huit manufactures à Paris, avec de l’acier venant de Longwy. Beaucoup plus tard, l’entreprise Lalonde & Colin y vendait des boutons [l’enseigne est toujours visible sur la rue]. »

Plus de 60 places de travail

Après une courte période où le 8 rue Myrha a abrité un incubateur de médias, le lieu a été racheté par Didaxis, une entreprise de portage salarial qui aide les indépendants à bénéficier de certains avantages du statut de salarié. En 2014, l’entreprise dirigée par Guillaume Cairou se lance dans le coworking en acquérant ces bâtiments, avec, à la clé, 2 millions et demi de travaux.

Aujourd’hui, le lieu propose un ensemble très vaste (au moins 60 places), toujours destiné aux indépendants, mais ouvert au quartier et à d’autres catégories comme les étudiants et les salariés en télétravail. « Nous refusons que des entreprises viennent héberger leurs salariés ici, précise Nicolas Renou. Nous accueillons à la fois des personnes qui ont pris des formules (2, 3 ou 6 jours par semaine) et des travailleurs nomades qui payent souvent à la journée. »

Mais l’entreprise ne se limite pas à du coworking. On peut y louer cinq bureaux de tailles différentes (de 4 à 30 places). Des ventes de vinyles sont régulièrement organisées ; une salle de sport propose différents cours (yoga, Pilates, salsa, etc.) ouverts aux habitants du quartier. Et puis, last but not least, un restaurant, Mama Kossa, propose des plats afro-caribéens. Avant peut-être l’arrivée d’un barbier et d’une épicerie. Vraiment un lieu insolite où la richesse du passé est bien valorisée par des projets audacieux pour aujourd’hui et demain.

➜ la Permanence

Possibilité de travailler toute la nuit

La Permanence, située 52 rue Marcadet. Pour pénétrer dans ce coworking, il faut s’y être inscrit au préalable et être muni d’un QR Code. La raison ? Ce lieu est ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, également à des moments où il n’y a personne à l’accueil. Son histoire explique cette spécificité, rare sur le marché. « Au départ, explique Elise Girod, la directrice opérationnelle, quand Manesse Clam, le fondateur, a créé la Permanence, d’abord dans le 5e arrondissement en 2017 [celle du 18e a été ouverte en 2019], il est parti d’un constat d’étudiant : impossible de trouver un lieu de travail sur des larges plages horaires, les bibliothèques fermant trop tôt. Donc il fallait un lieu où les étudiants pouvaient travailler toute la nuit s’ils le voulaient. »

Depuis le début, le public est essentiellement étudiant. « Nous avons, par exemple, beaucoup d’étudiants en médecine qui viennent le soir après leur travail d’interne, poursuit Elise Girod. Et l’été, nous accueillons de nombreux étudiants en droit qui passent le concours du barreau en septembre. » Dès le départ, la Permanence a fait le choix d’offrir des tarifs très bas (1 euro de l’heure pour les étudiants). Malgré les augmentations de prix, le lieu reste accessible (voir encadré).

Un lieu de 200 m2

Continuons la visite de la Permanence, qui propose 42 places en tout. A la différence du site du 5e, entièrement silencieux, celui du 18e propose une salle – sur les trois de travail – où il est possible de parler mais pas trop fort. Les autres salles, c’est le silence total ! « Notre objectif, précise la directrice, est d’accueillir des professionnels qui ont besoin de passer des coups de fil. Aujourd’hui, même si les étudiants sont majoritaires, environ 40 % des clients sont des auto-entrepreneurs, des salariés, etc. »

Ce lieu de 200 m2 permet également de prendre un café ou un thé (payant) ou de réchauffer son plat (frigo et micro-ondes disponibles). Sur une petite terrasse, liberté de prendre l’air ou fumer. Il est possible aussi de louer deux salles de réunion et même de domicilier son entreprise. •

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novembre 2024