Difficile d’interviewer Simone Viguié et Micheline Tissot : d’une pudeur extrême, elles parlent plus des autres que d’elles-mêmes, la modestie chevillée à l’âme. Micheline résume 40 ans d’un « On a fait ce qu’on a fait, et puis voilà ». Arrivées en 1969 à la Goutte d’or, elles furent des piliers du quartier jusqu’en juin dernier. Elles sont religieuses et, officiellement, retraitées respectivement en 1991 et 1996. « Mais la retraite n’a pas le même sens. Tant qu’on était vivantes, volontaires, et relativement bien portantes, on est restées ! » raconte Micheline. En 2013, leur santé les a obligées à se retirer dans la même communauté à Villefranche de Rouergue. Un crève cœur. … (Lire la suite dans le numéro d’octobre 2013)
Simone a étudié à l’Institut Catholique à Paris. Elle y a vécu mai 1968. « Le directeur a ouvert les portes nuit et jour, les laïcs étaient mélangés aux religieux. C’est là qu’est née l’idée qu’il faudrait essayer une vie religieuse au milieu des gens. C’était le bon moment après le Concile Vatican II ».
Elles se sont installées avec deux autres religieuses au 8 rue des Gardes. « Ça, on ne pouvait pas nous reprocher d’avoir choisi un quartier rupin ! Nous avions les sanitaires chez nous, mais pour certains étages, les toilettes étaient sur le palier ». Avant, elles portaient le costume de religieuse. Là, non. « On ne disait pas qu’on étaient sœurs, car on en avait marre des privilèges. Je me suis dis que si les gens modestes nous accueillaient, c’était bon. La paroisse n’était pas aussi ouverte sur le quartier à l’époque. Et nous voulions cette ouverture. Nous, on n’avait rien. Un lit de camp, et puis c’est tout. On a mesuré l’abîme avec la vie du couvent : là, on était plongées dans la réalité. » … (Lire la suite dans le numéro d’octobre 2013)