Le manque de personnel impacte parfois lourdement la mission des bibliothèques. A Maurice Genevoix, les lecteurs en ont récemment fait les frais.
« Fermeture ce jour, faute de personnel ». L’avis était souvent posé entre septembre et décembre sur la porte de la bibliothèque Genevoix. Régulièrement, des lecteurs repartaient sans avoir pu déposer leurs livres et sans nouveaux titres pour assouvir leur désir de lecture. En appelant à l’avance, certains pouvaient se voir proposer un bref créneau. Mais, adieu les animations petite enfance ou l’accès au jardin, espace de respiration et d’intégration sociale dans le quartier.
Maurice Genevoix est une « petite » bibliothèque. Son équipe est composée de seulement huit agents. Or, d’après notre enquête auprès des syndicats et des bibliothèques elles-mêmes, tout le réseau parisien est concerné par une pénurie de ressources humaines. Sur environ 1 500 agents, il en manquerait de manière chronique 10 %. Avec des impacts variables selon les établissements.
Absences non remplacées
A Robert Sabatier, la plus grande de l’arrondissement avec ses 32 agents, un seul poste serait inoccupé. Mais à Jacqueline de Romilly 4 postes
sur 18 sont concernés. Vaclav Havel affiche deux postes vacants sur 21 et en permanence deux à cinq professionnels absents pour des raisons de santé ou d’isolement lié à la crise du Covid. A la Goutte d’Or, pas de postes vacants, mais des personnels en longue maladie, en congé maternité ou avec des autorisations spéciales d’absence liées au risque Covid. Soit en permanence, un tiers d’absents. La plupart de ces postes ne sont pas remplacés.
La Ville a bien essayé de déplacer des personnels, temporairement, d’une bibliothèque à l’autre pour tenter d’amortir les conséquences de ces absences. « Mais nous n’avons pas accepté, explique un bibliothécaire syndiqué au SUPOP-FSU. Les situations sont déjà tendues sur la plupart des sites, on n’est jamais certains de pouvoir tenir les plannings et nous ne voulons pas déséquilibrer l’établissement où nous sommes affectés. Et puis ce serait accepter le déficit de ressources humaines. » Sans compter qu’avec l’imposition du passe sanitaire (désormais vaccinal) une nouvelle mission est venue alourdir la charge de travail des agents, selon le syndicat PACS.
Alors, les bibliothèques réduisent leurs horaires d’ouverture au public afin de préserver les services destinés aux publics prioritaires : cours de langue, accès des scolaires… A Maurice Genevoix, cela n’a pas été possible cet automne. Le responsable du site se retrouvait parfois seul avec un agent en remplacement pour gérer la bibliothèque. Impossible dans ces conditions, d’ouvrir normalement au public ou d’assurer la moindre animation.
Malgré nos demandes d’interview auprès de la direction des affaires culturelles ou du bureau des bibliothèques et de la lecture de la Ville de Paris, nous n’avons obtenu aucune réponse. Heureusement, à Maurice Genevoix, la situation devrait s’arranger rapidement : quatre recrutements seront réalisés au premier trimestre 2022. Une bonne nouvelle pour les lecteurs du quartier. •
Photo : Jean-Claude N’Diaye