Entre force et fragilité, des chorégraphies mettent en scène des corps meurtris, émancipés par l’expression corporelle.
Eric Minh Cuong Castaing présente une installation vidéo en plusieurs volets et un seul sujet : des « corps empêchés » auxquels il offre les moyens de se réapproprier, pour un temps, les gestes dont ils ont été privés. Lauréat du prix Le Bal/ ADAGP de la Jeune Création, il a réalisé les étapes de ce travail avec des résidents de la Maison de Gardanne (13), un centre de soins palliatifs, avec Kamal, un ancien boxeur professionnel victime d’un AVC, et d’autres personnes, toutes atteintes de maladies neurodégénératives.
À la croisée de la danse et du processus de soin, il imagine des « situations chorégraphiques » adaptées à leurs corps aux fonctionnements si particuliers, mis en scène dans ce lieu et en pleine nature, au cœur du parc naturel de Beaurecueil. Dans l’exposition, pas d’images fixes mais des captations filmées de leurs chorégraphies. Victor Zébo filme au plus proche des mouvements qu’il suit, les danseurs de la compagnie Shonen soutenant, portant, accompagnant, ces corps fragiles. Et le résultat est à la fois magique par la délicatesse des gestes, la profondeur des regards et poignant par la force d’humanité qui se dégage de ces lents déplacements. Une façon subtile d’être en vie… •
Photo : Éric Minh Cuong Castaing / Victor Zébo / Cie Shonen, 2021