Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

novembre 2019 / Les gens

Frédéric Ardiet, porte ouverte sur l’atelier d’Orsel

par Jacqueline Gamblin

Peintre et mosaïste, il a fondé l’Atelier d’Orsel, et préside les portes ouvertes de l’association D’Anvers Aux Abbesses.

« Cette année-là » (1980), Frédéric Ardiet et une dizaine de copains-copines, peintres, photographes, architectes sortent diplômé(e)s de la prestigieuse École supérieure des arts appliqués Duperré (lui en section plasticien-surface). Ils se retrouvent « à l’automne, pour faire le point ». Et l’idée d’un atelier à partager se fait jour. Protégé de la rue d’Orsel par une lourde porte cochère et niché au fond d’une cour pavée, il y a un très ample et bel atelier du XXe siècle que « les propriétaires, parents d’un copain », cherchent à louer. Frédéric et ses amis en deviennent colocataires et s’installent, des projets plein la tête.

Lui a posé son chevalet « depuis l’origine » à l’extrémité nord du très vaste atelier. Et du bout de son pinceau lourd d’acrylique noire, serré entre ses doigts de pianiste, il débute sa peinture par ce qu’il nomme une « tâche » en partant « du haut, à gauche » de la feuille vierge. Avec, en tête, « l’obsession de la répétition dans laquelle on ne peut pas se complaire ». Crinière argentée encadrant son visage aux traits fins penché vers l’ouvrage, le peintre et mosaïste montmartrois explique d’une voix tranquille que ces taches évoluant par paires, il ne pouvait alors définir qui, d’un homme ou d’un animal, s’y distinguait. Au son de la musique jazz, classique ou baroque qui l’accompagne dans son travail sans l’en détourner car il est « toujours en éveil » sur son œuvre, ces taches font ensuite place à des silhouettes « humaines ». Tout en contorsions et mouvements divers accentués par la couleur, ces « foules » exubérantes affluent, se croisent, se frôlent, se pressent, mais sans jamais se heurter.

La foule devient son thème majeur.

Frédéric Ardiet fonde l’Atelier d’Orsel en 1982. Selon la légende, c’est de là que seraient sortis les premiers décors du théâtre de l’Atelier. L’année suivante, les artistes présentent leurs travaux à deux reprises, invitant leurs confrères montmartrois à exposer avec eux au sein de leur atelier où les rencontres se multiplient avec succès. Puis, le mouvement s’essoufflant un peu, l’idée suit de créer chaque année « un week-end d’exposition ». Photographes, sculpteurs, graveurs, peintres du quartier participent. La création d’une association et des journées portes ouvertes est en projet. Sans l’aide de professionnels de la communication, chacun participe à la diffusion de l’information, et au choix des sites d’exposition. Les trois premières années, « c’est la galère » sourit Frédéric. Rejoints par des artistes du 9e arrondissement, lui et ses amis obtiennent le soutien des maires (18e et 9e) qu’ils ont sollicités.

Les débuts d’AAA

Une fois les statuts déposés, l’association D’Anvers aux Abbesses (AAA) est créée en 1995.

Photo : Thierry Nectoux

Dans le même numéro (novembre 2019)

  • Le dossier du mois

    [Pollution de l’air] Des chiffres alarmants exigent des mesures fortes

    Christine Legrand, Danielle Fournier
    L’association Respire a révélé au printemps des données alarmantes sur la pollution de l’air autour des écoles. Principalement liée à la circulation automobile, celle-ci pénètre même à l'intérieur des classes. Et bien que certains chiffres indiquent une pollution en baisse, l’amélioration n’est pas assez rapide
  • Histoire

    C’est ainsi que tout a commencé...

    Noël Bouttier
    Le 18e du mois fête ses vingt-cinq ans. Un des premiers membres de l'équipe de rédaction revient sur les premières heures de ce « journal pour des quartiers qui vivent ».
  • La vie du 18e

    [Ils font parler du 18e] Quand la réalité dépasse la fiction [Article complet]

    Sandra Mignot
    Hors-normes, le dernier film d’Eric Toledano et Olivier Nakache, est une histoire touchante qui n’est pas que du cinéma.
  • La vie du 18e

    Les urgences débordent

    Dominique Gaucher
    D’après le collectif Inter-Urgences, 269 services d’urgences étaient en grève au 23 octobre en France. Parmi eux, Bichat, dont les professionnels paramédicaux se sont engagés dans le mouvement depuis le mois de mars.
  • La vie du 18e

    La guerre des cantines continue

    Florianne Finet
    Après cinq mois de concertation citoyenne, un audit doit être lancé pour étudier un éventuel retour à la gestion directe de la restauration scolaire. Insuffisant aux yeux des parents d’élèves mobilisés pour améliorer la qualité des repas.
  • Clignancourt

    Lycée Rabelais, “à l’abandon” ?

    Danielle Fournier
    Personnels du lycée et parents d’élèves s’inquiètent de l’état de délabrement de l'établissement.
  • Simplon

    Ordener-Poissonniers : un peu plus de vert, svp !

    Sylvie Chatelin
    Une centaine de personnes se sont retrouvées dans une ambiance festive le samedi 12 octobre sur les presque 5 hectares de l’ancien dépôt ferroviaire (...)
  • La Chapelle

    Quand rapporter n’est plus un vilain défaut

    Sylvie Chatelin
    Une radio associative vient de s'installer dans le 18e. Résolument orientée musique, quartiers populaires et culture, elle permet d'initier jeunes et bénévoles à la pratique radiophonique à travers des ateliers intensifs.

n° 230

octobre 2024