Peintre et mosaïste, il a fondé l’Atelier d’Orsel, et préside les portes ouvertes de l’association D’Anvers Aux Abbesses.
« Cette année-là » (1980), Frédéric Ardiet et une dizaine de copains-copines, peintres, photographes, architectes sortent diplômé(e)s de la prestigieuse École supérieure des arts appliqués Duperré (lui en section plasticien-surface). Ils se retrouvent « à l’automne, pour faire le point ». Et l’idée d’un atelier à partager se fait jour. Protégé de la rue d’Orsel par une lourde porte cochère et niché au fond d’une cour pavée, il y a un très ample et bel atelier du XXe siècle que « les propriétaires, parents d’un copain », cherchent à louer. Frédéric et ses amis en deviennent colocataires et s’installent, des projets plein la tête.
Lui a posé son chevalet « depuis l’origine » à l’extrémité nord du très vaste atelier. Et du bout de son pinceau lourd d’acrylique noire, serré entre ses doigts de pianiste, il débute sa peinture par ce qu’il nomme une « tâche » en partant « du haut, à gauche » de la feuille vierge. Avec, en tête, « l’obsession de la répétition dans laquelle on ne peut pas se complaire ». Crinière argentée encadrant son visage aux traits fins penché vers l’ouvrage, le peintre et mosaïste montmartrois explique d’une voix tranquille que ces taches évoluant par paires, il ne pouvait alors définir qui, d’un homme ou d’un animal, s’y distinguait. Au son de la musique jazz, classique ou baroque qui l’accompagne dans son travail sans l’en détourner car il est « toujours en éveil » sur son œuvre, ces taches font ensuite place à des silhouettes « humaines ». Tout en contorsions et mouvements divers accentués par la couleur, ces « foules » exubérantes affluent, se croisent, se frôlent, se pressent, mais sans jamais se heurter.
La foule devient son thème majeur.
Frédéric Ardiet fonde l’Atelier d’Orsel en 1982. Selon la légende, c’est de là que seraient sortis les premiers décors du théâtre de l’Atelier. L’année suivante, les artistes présentent leurs travaux à deux reprises, invitant leurs confrères montmartrois à exposer avec eux au sein de leur atelier où les rencontres se multiplient avec succès. Puis, le mouvement s’essoufflant un peu, l’idée suit de créer chaque année « un week-end d’exposition ». Photographes, sculpteurs, graveurs, peintres du quartier participent. La création d’une association et des journées portes ouvertes est en projet. Sans l’aide de professionnels de la communication, chacun participe à la diffusion de l’information, et au choix des sites d’exposition. Les trois premières années, « c’est la galère » sourit Frédéric. Rejoints par des artistes du 9e arrondissement, lui et ses amis obtiennent le soutien des maires (18e et 9e) qu’ils ont sollicités.
Les débuts d’AAA
Une fois les statuts déposés, l’association D’Anvers aux Abbesses (AAA) est créée en 1995.
Photo : Thierry Nectoux