Mars est le mois de réapparition des insectes au jardin, tels les papillons citron ou les abeilles osmies rousses, pollinisateurs vitaux pour les floraisons précoces.
Parmi toutes ces bestioles printanières, les coccinelles, dont il existe plus de 100 espèces en France, figurent en bonne place. La plupart sont insectivores, mais certaines se nourrissent de végétaux, comme la coccinelle de la bryone qui s’attaque parfois aux melons et aux cornichons !
Ces petits coléoptères sont plutôt réputés pour leur appétit des pucerons qui affaiblissent plantes et fleurs. C’est d’ailleurs pour cela que l’INRA a, dans les années 1990, libéré dans la nature des coccinelles asiatiques, Harmonia axyridis, qui à l’époque ne survivaient pas au froid hivernal. Hélas, cette espèce est depuis devenue résistante, s’installant en masse dans les maisons et autres abris à l’automne, et tend à supplanter nos espèces autochtones dont elle dévore les œufs et les larves.
Bête à bon Dieu
Notre coccinelle européenne la plus grosse et la plus populaire est la coccinelle à sept points, Coccinella septempunctata, immortalisée dans les dessins animés et les bandes dessinées. La fameuse « bête à bon Dieu », surnom qui lui aurait été donné dès le Moyen Âge lorsque le roi Robert « le Pieux » (972-1031), décida de gracier un condamné à mort par décapitation. En effet, le bourreau ayant remarqué qu’une coccinelle posée sur le cou du pauvre homme revenait systématiquement s’y réinstaller après chaque tentative d’éloignement, il en déduisit qu’il s’agissait probablement d’un signe divin, déduction alors approuvée par tous !
Signalant d’emblée à de potentiels prédateurs sa toxicité par sa couleur, cette coccinelle peut en outre exsuder en cas d’attaque un alcaloïde toxique sous forme de gouttelettes jaunes surgissant de ses articulations !
A Paris, l’insecte passe généralement l’hiver caché au sol, seul ou en groupe, sous des mousses ou des feuilles. Après le réveil printanier, les adultes peuvent se nourrir de pollen en attendant que les pucerons apparaissent et après l’accouplement, les femelles se mettent à la recherche de colonies de ces insectes piqueurs-suceurs, à proximité desquelles elles vont pondre des petits paquets d’oeufs, souvent plusieurs centaines en tout ! Dès son éclosion, la larve va entreprendre de dévorer les infortunés pucerons, jusqu’à 250 par jour au quatrième stade de ses métamorphoses, avant sa transformation en nymphe d’où surgira un peu plus tard l’imago, c’est-à-dire l’insecte adulte. Cette génération estivale pond parfois en fin d’été, mais c’est souvent elle qui entrera en diapause hivernale et se reproduira au printemps suivant. Tout dépend des conditions météorologiques et de l’abondance des pucerons.
Avant l’introduction de sa concurrente asiatique, la « bête à Bon Dieu » proliférait certaines années au point de rendre les bains de soleil impossibles en bord de mer, tout corps humain étant assailli par des centaines de mandibules aux pincements désagréables ! Hélas, ces scènes, souvent relatées dans les médias, ne sont plus que des souvenirs pour les plus ancien(ne)s d’entre nous.
Espérons tout de même que nos sympathiques coccinelles animeront encore longtemps nos jardins ! •
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