Studio Belem, l’agence d’architecture associée au promoteur immobilier Immobel, propriétaire du foncier, a remporté le contrat chapeauté par la Ville, concernant la transformation des anciens établissements Tati. Ces jeunes architectes présentent leur projet pour ce lieu emblématique de l’histoire du 18e arrondissement.
Studio Belem, l’agence d’architecture associée au promoteur immobilier Immobel, propriétaire du foncier, a remporté le contrat chapeauté par la Ville, concernant la transformation des anciens établissements Tati. Ces jeunes architectes présentent leur projet pour ce lieu emblématique de l’histoire du 18e arrondissement.
Côté boulevard Rochechouart, la façade des six bâtiments concernés ne sera quasiment pas modifiée...
L’équipe du Studio Belem, fondée par Edouard Bettencourt et Malik Lemseffer, est en prise avec son époque et consciente des enjeux sociaux urbains et environnementaux que doivent intégrer à présent les cabinets d’architecture. Ils sont aussi sensibles à la valeur patrimoniale des bâtiments, un ensemble hétéroclite qui a regroupé, au fil de l’histoire : un immeuble haussmannien, des bâtiments techniques à l’arrière du magasin et des petits immeubles faubouriens aux fenêtres à la française et au sol de différentes hauteurs, un sujet auquel les a sensibilisés le groupe d’études Grahal* qui a longuement enquêté sur l’histoire des lieux. « Il fallait trouver une bonne balance entre les souhaits de la ville et du quartier et, vu le prix élevé du mètre carré, une rentabilité », expliquent Edouard Bettencourt et Julie Pierret, porte-paroles de l’équipe.
Un toit végétalisé et un centre culturel
Le projet mêle donc à la fois rénovation et innovation, conservant à l’extérieur certaines façades et bâtiments d’origine dont la petite maison d’angle au coin de la rue Belhomme, ainsi que les toitures, « pour conserver la skyline (ligne d’horizon) existante sur le boulevard ». Ne seront détruits et reconstruits que les édicules techniques qui donnaient sur la rue Bervic et la passerelle, reconstruction élaborée en lien avec la société spécialisée en ingénierie développement durable, G-ON.
Le toit sera entièrement végétalisé, les matériaux de construction et de restauration, principalement du bois, répondant aux chartes éco-responsables. A l’intérieur sont prévus 30 logements, dont dix sociaux et des appartements en accession à la propriété, cinq étages de bureaux, des petits commerces le long de la ligne de métro mais surtout un centre culturel sur trois étages, à l’angle du boulevard Barbès, et ouvrant sur la rue, avec un socle en béton « qui va réinterpréter le style de l’époque haussmannienne, avec les arches, dans l’esprit de l’immeuble ». C’est l’un des points forts et originaux du projet retenu : il couvre une surface de 600 m2 avec le rez-de-chaussé d’accès depuis la rue et une conque sur deux étages en sous-sol avec une belle hauteur de plafond « qui permet d’insérer une salle de spectacle. C’est réfléchi pour qu’un vrai programme culturel puisse s’y développer », explique Julie Pierret. « C’est un peu la figure de proue de notre projet. »
Pour les petits commerces, le choix est aussi de redonner vie au quartier en privilégiant des espaces qui favorisent les petits commerces de proximité, commerces de bouche, artisans, plutôt que les grandes surfaces, avec des espaces traversant qui revitaliseraient la rue Bervic.
Bémol : le bruit du métro
L’un des autres points forts du projet est également l’accessibilité mutualisée de tous les logements et bureaux, que ce soit au niveau des entrées, du partage de l’immense local à vélos, du local à ordures ménagères ou encore de la terrasse et de sa vue sur le Sacré-Cœur : « Tous les flux sont mutualisés entre les logements et les bureaux, de la porte d’entrée au toit », insiste Edouard Bettencourt.
Seul petit point noir, dont la résolution demanderait la coopération de la RATP, le métro aérien dans son superbe style 1900 ne couvre pas le bruit des rames. Mais c’est aussi un dégagement qui permet la lumière…
Les travaux commencent dans quelques mois et devraient s’achever en 2025, si la tenue des Jeux olympiques ne vient pas mettre son nez dans le bon déroulement des opérations. Cerise sur le gâteau, Studio Belem conserve dans le projet la grande enseigne TATI qui trône sur le toit. Un repère symbolique du quartier auquel les Parisiens sont attachés.•
Photo : Studio Belem