Le street art se diffuse sur les murs de Paris parfois à la vitesse de l’éclair. Montmartre est l’un des terrains de jeu de cet art exposant formats et talents en tout genre, appelés à disparaître et être remplacés. Une balade d’une bonne heure, permet d’en observer beaucoup.
La balade débute au métro Anvers, passage Briquet. On y découvre l’un des épisodes de l’actuel projet de Levalet, l’Odyssée, qui raconte, incarné par un jeune homme en marinière dessiné à l’encre de Chine, l’enrôlement dans l’armée et la guerre. Rue Briquet, des visages envahissent les murs, ceux des enfants que reproduit Ilea, ou celui des personnes âgées ou sans domicile que Swed Oner a d’abord photographiées avant de les peindre à même le mur. A la sortie de la rue, on part à gauche dans la rue d’Orsel pour retrouver un peu plus loin, un autre épisode de l’Odyssée sur le côté du théâtre de l’Atelier.
Au bout de cette artère, remonter de quelques pas dans la rue des Martyrs, emprunter la rue des Abbesses, descendre la rue Houdon, puis prendre à droite la rue Piémontési. Là où celle-ci rejoint la rue André Antoine se multiplient les petits formats. On peut y admirer une partie de la série Les Chattes de l’histoire par Laure Lamaison (qui signe Loriot Thehouse) : elle transforme en charmants félidés des femmes célèbres. On retrouve également les dessins plutôt crus de Yogaenkilt, les étranges personnages sans bouche d’Angel Crow, et bien d’autres.
Portraits, humour et poésie
Poursuivre la rue André Antoine et déboucher sur la gauche dans la rue Véron. Tout au long de la venelle demeurent des collages de Levalet et Philippe Hérard. Installés là à l’automne 2016, sur l’initiative du galeriste Knafo, certains des dessins, items et personnages divers, pleins d’humour et de poésie, suspendus à des cordes à linge, font de la résistance face aux assauts du temps, des intempéries ou des rénovations. Tout au bout de la rue, une fresque équestre est signée de l’artiste sud-africain Faith XLVII (alias Liberty Du). Dans la rue Lepic, tourner à gauche pour atteindre la rue Robert Planquette. Vous y croiserez une œuvre des frères Toqué (dont nous vous parlions dans notre numéro 276), voisine d’un Michaël Jackson psychédélique mis en couleurs par Jo Di Bona. Tout à côté, Me Paris (alias Marlène Ehrhard, une Montmartroise) a apposé ses propres portraits d’artistes, Bob Dylan, Cesaria Evora ou Amy Winehouse.
Revenez ensuite sur vos pas, remontez la rue Lepic et tournez à droite dans la rue des Abbesses jusqu’au passage du même nom, sur la gauche. Le lieu accueille les contributions très temporaires de nombreux artistes plus ou moins expérimentés : Corine Forest, Eugène Barricade et encore Loriot Thehouse.
Concept street et collectif spontané
Poursuivre dans ce passage jusqu’à l’escalier qui débouche rue Androuet, celle de la fameuse épicerie Collignon rendue célèbre grâce aux aventures d’Amélie Poulain. Ici, Eva Léandre convie régulièrement des artistes à animer les murs de ce micro-quartier où elle a instauré une « Alley concept street » réunissant créateurs et entrepreneurs culturels. Au début de l’été, un collage photo de Vanessa Moselle, enrichi des couleurs de Raphaël Federici, intitulé L’Enfant intérieur était en cours d’installation. En haut, prendre la rue Berthe sur la droite puis monter la rue Drevet sur la gauche et enfin emprunter la rue Gabrielle où rayonne le visage d’une vieille dame, peint par Swed Oner. N’oubliez pas de lever les yeux pour découvrir les croix en céramique de Monsieur Plus, les OVNI d’Invader ou les cœurs anarchistes d’A2.
Poursuivre en direction de la rue d’Orchampt à droite. Elle tourne à angle droit via un étroit passage bien pratique pour ceux qui veulent laisser leur trace artistique. A la sortie, emprunter la première section de la rue Girardon, puis tourner à droite dans la rue Norvins. Autour des grilles de l’ancien réservoir sont exposées des œuvres de Jo di Bona, encore lui, en hommage aux 130 ans du Moulin Rouge.
Devant le restaurant Le Consulat, s’engager à gauche dans la très étroite rue Saint-Rustique. En perspective, une jolie vue sur l’arrière du Sacré-Cœur. Au bout du passage s’est constitué tout un collectif spontané d’œuvres plus ou moins temporaires. Il y a là le Cœur de la ville dessiné par Ardif, un portrait dédié à la liberté d’expression par le Lillois Freaks the Fab ou encore un timbre (grand format) de Simone Veil signé Carole b. A la sortie de la ruelle, prendre à gauche et découvrir les galeries Young Artists Montmartre (dont la vitrine est habillée par le Montmartrois Codex Urbanus) et Roussard, spécialisées dans l’art contemporain et le street art, où Julien se fera un plaisir de vous présenter les travaux plus « domestiques » des artistes qu’il expose
Photo : Corentin Schimel