Bouleau, peuplier, charme, noisetier, roses, lavandes, kerria japonica… Nous ne sommes pas au Jardin des plantes, mais bien à proximité des puces de Clignancourt, au centre sportif des Poissonniers.
Une diversité de fleurs et de plantes rares pour un stade parisien dont peuvent profiter les habitants et les adhérents des clubs résidants malgré la présence toute proche du périphérique.
Pour entretenir les espaces verts qui entourent les terrains de football, les courts de tennis et la piste d’athlétisme, un partenariat original a été mis en place en 2014 entre la mairie de Paris et l’association Halage. Deux jardiniers y travaillent tous les jours de la semaine, sauf sur les terrains de football eux-mêmes qui sont en matière synthétique. La mairie fournit les plants et contrôle environ une fois par mois le travail réalisé. En échange, cette structure d’insertion spécialisée dans les espaces verts et la production de fleurs locales reçoit une subvention annuelle au titre de son projet social. Dans les autres stades de la capitale, cette activité est déléguée à une entreprise privée par marché public.
« Il n’y a pas beaucoup de stades comme celui-ci où on trouve autant d’arbres et de massifs différents à entretenir et où on peut aménager le paysage pour rendre le site plus agréable pour les sportifs », témoigne Rodolphe, 39 ans, l’un des deux paysagistes, ravi de pouvoir travailler dans ce cadre. Après avoir beaucoup travaillé en intérim, il espère pouvoir intégrer la Ville de Paris à la fin de son contrat. Moins agréable, une bonne partie du travail des jardiniers consiste aussi à ramasser tous les déchets qui sont jetés dans les massifs, soit par les sportifs, soit par les passants qui longent la rue Jean-Cocteau.
Une formation diplômante
« Nous n’utilisons aucun produit chimique. Cela fait partie de notre démarche depuis la création de l’association. Le désherbage se fait à la main et on se contente de tailler les arbres en hiver pour lutter contre les parasites ou les maladies », explique Nathalie Boitouzel, chargée de projets. Les déchets végétaux sont eux compostés. L’association s’occupe également de plusieurs portions de la petite ceinture dans les 17e, 19e et 20e arrondissements (et jusqu’à récemment dans le 18e). Dans notre arrondissement, Halage gère le jardin collectif et solidaire l’Univert, situé dans la cour d’une résidence de Paris Habitat rue Polonceau. Ce dernier accueille à la fois des personnes allocataires du RSA ou en recherche d’emploi et les habitants du quartier.
Au total 80 personnes travaillent dans un des dix chantiers franciliens d’Halage et bénéficient d’un accompagnement socio-professionnel pendant un an en moyenne. Environ sept salariés sur dix trouvent ensuite un emploi dans une entreprise ou une collectivité. Pendant leur passage chez Halage, ils peuvent préparer une partie du certificat d’aptitude professionnelle agricole « jardinier paysagiste ». Ils ont ensuite cinq ans pour valider la totalité du diplôme. « Ce sont souvent d’anciens chômeurs de longue durée entre 40 et 60 ans ou des bénéficiaires du RSA qui ont eu des parcours de vie difficiles » détaille Nathalie Boitouzel. Une présentation des métiers des espaces verts est organisée chaque année au centre social de la Goutte d’Or car le secteur recrute. « Nous ciblons en particulier les femmes car elles sont encore peu nombreuses dans nos équipes. »
Photo : Jean-Claude N’Diaye