Il y a un peu plus de six mois, un « pop up store » à la vie assez courte, a cédé la place à une « épicerie » comme il en pousse dans le quartier depuis le confinement.
Devant la boutique (à l’origine une boucherie dont les crochets pendent encore aux murs), le trottoir du bas de la rue des Martyrs, juste avant le boulevard, s’est animé de cageots remplis de tomates, pommes, de bouquets d’herbes parfumées. La campagne à notre porte à deux pas de La Cigale ou des sex shops. Le local a été complètement remis à neuf avec un goût sobre (étagères fonctionnelles, comptoir en bois, réfrigérateur vitré).
Installé dans des locaux appartenant justement à la salle de spectacles, avec un bail qui vient d’être reconduit pour trois ans, le Zingam est le troisième d’une petite chaine d’épiceries bio qu’ont ouvert Lelio et sa compagne. Après des années passées à cuisiner pour le collectif dans le sud de la France, Lelio, qui avait noué des contacts avec des agriculteurs éco-responsables de la Drôme, a décidé de s’organiser pour approvisionner en produits frais, de saison et de qualité les Parisiens, restaurateurs et particuliers.
Une boutique, un circuit, un réseau…
Il a donc ouvert en 2014 un premier petit local dans le 2e, puis un second, organisé un marché deux fois par semaine. Et enfin en février dernier, il a crée une troisième boutique dans le 18e. Le chef d’entreprise loue un entrepôt à Bercy, d’où il livre régulièrement en fruits et légumes, en mobilité douce (vélos), boutiques et restaurants. La boulangerie Pajol lui fournit le pain. Il propose aussi du vin en vrac, nature bien sûr, en s’approvisionnant à deux pas, rue Victor Massé, à la cave Soif. Quant aux œufs et aux viandes, ils viennent de Vendée. Enfin, les concepteurs veulent aussi s’intégrer dans le tissu social local ; ils imaginent des rendez-vous dégustation accompagnés de musique et proposent depuis peu une petite restauration, fabriquée sur place, le Zingadwich.
Ce type d’initiative crée de l’emploi (à l’entrepôt, au bureau, dans les boutiques). Le Zingam du 18e salarie deux responsables et des vendeurs, dans l’ensemble des jeunes qui font le choix d’un travail qui donne du sens à leur vie : ainsi, Tiffany, diplômée d’un master en économie de l’environnement, se sent utile et en phase avec ses valeurs. Elle préfère ce travail manuel, de contact à un emploi statique dans un bureau. Et au final, l’un dans l’autre, ce n’est pas plus cher que dans les supérettes ou les supermarchés bio… Mais c’est sûrement plus goûteux !
Photo : Dominique Dugay