Une artiste propose une exposition de photos en plein air représentant des lieux de Barbès, d’ordinaire très masculins, investis par des femmes.
On quitte le métro Barbès pour emprunter l’espace sous la ligne 2 qui, les mercredi et samedi, accueille le marché ultra-populaire. On lève les yeux de son très accaparant portable. Et alors surprise, on tombe sur d’énormes panneaux représentant des lieux populaires du quartier Barbès : un coiffeur, des vendeurs de kebab, des scènes de rue près du métro ou au square Léon. Mais ce ne sont pas des photos « réalistes » puisque les personnages présents sont exclusivement féminins. Comme si tous les hommes, habituellement incontournables dans cet espace urbain, s’étaient volatilisés…
Pour déjouer le mystère, il faut se tourner vers la photographe Randa Maroufi. Cette jeune femme de 32 ans, qui a grandi au Maroc, a un CV long comme un bras. Rien qu’en 2018, elle a participé à une vingtaine d’expositions, de Bucarest à Taïwan sans oublier le Maroc et Paris. À la mi-septembre, quelques jours après l’ouverture de cette expo qui va durer un an, elle travaillait au Québec.
Transformer des espaces
« Le projet est né en 2016 », explique-t-elle. « À l’époque, je vivais à Paris et prenais fréquemment la ligne 2. L’occupation de l’espace était très majoritairement masculine. J’ai eu envie de détourner la situation et j’ai pensé d’abord réaliser un sit-in. » Finalement, l’artiste va évoluer vers un autre concept : photographier des lieux emblématiques du quartier très masculins pour en faire des espaces exclusivement féminins. Elle teste cette idée à Bruxelles en 2018, où elle recrute des comédiennes pour réaliser une photo d’un seul lieu.