Même si le nombre de logements insalubres décroît, la lutte contre l’habitat indigne semble sans fin. Le dernier constat établi par l’APUR montre que le 18e arrondissement détient le triste record du nombre de bâtiments actuellement surveillés.
Cet été, les prix de l’immobilier parisien ont encore battu un record : les appartements anciens se négocient désormais en moyenne à plus de 10 000 € le mètre carré selon les statistiques des notaires et de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Et il n’y a aucune perspective d’arrêter cet envol des prix, qui étaient déjà très élevés.
Et pourtant, Paris n’en a pas fini avec l’habitat insalubre. Un rapport de l’APUR, l’agence parisienne d’urbanisme, a récemment fait état de 245 bâtiments d’habitation privés, regroupant au total 9 860 logements, qui, selon la nouvelle étude, sont « sous surveillance au titre de la lutte contre l’habitat indigne ». Une cartographie précise de ces immeubles fait ressortir que près de 70 % d’entre eux se trouvent dans quatre arrondissements du Nord-Est. 41 dans le 19e, 29 dans le 20e, 20 dans le 17e et 68 dans le 18e, où « les quartiers les plus concernés sont les abords du boulevard Ornano, la Goutte d’Or, La Chapelle et Belliard, Doudeauville ».
Locataires plutôt que propriétaires
Est-ce dû à l’ancienneté du bâti ? Si 40 % des logements parisiens ont plus de 100 ans et 75 % plus de 50 ans, l’âge des bâtiments n’explique pas tout, loin de là ! Selon les quartiers, les immeubles n’ont pas été édifiés selon les mêmes règles, ni avec les mêmes objectifs, selon que l’on envisageait d’y loger des propriétaires ou de les louer pour les rentabiliser. Et parfois, ces immeubles « de rapport » vite construits, n’ont pas été entretenus, d’où leur état actuel.
L’APUR rappelle que plus d’un millier d’immeubles insalubres ou dégradés ont déjà fait l’objet d’un plan de traitement de 2002 à 2010, mais beaucoup reste à faire. La Ville de Paris a installé en 2018 un observatoire pour « identifier des situations à risque en amont, éviter la spirale de l’insalubrité et des drames encore trop fréquents » ; et publie chaque année une liste des immeubles parisiens présentant le plus fort risque de dégradation.
Une typologie précise
Comment cette liste est-elle établie ? L’APUR analyse un certain nombre de critères, qui sont des indices d’une possible insalubrité : concentration de petits logements locatifs, présence de plomb ou de termites, effondrement de planchers, factures d’eau impayées, intervention des pompiers, immeubles placés sous administration provisoire, signalement par les locataires, etc.
Ces immeubles ne semblent pas pour autant sur le point de s’effondrer, comme à Marseille. On se souvient qu’à la suite de l’effondrement d’un immeuble, rue d’Aubagne, en novembre 2018, ce sont des centaines d’immeubles qui avaient été visités à la hâte dans cette ville… et vidés de leurs habitants qui habitent encore loin de chez eux, souvent dans des hôtels.