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octobre 2021 / Évangile-Charles Hermite

La Maison Bakhita, un nouveau centre pour les migrants

par Dominique Boutel

A l’initiative du diocèse de Paris, les locaux de l’école du Sacré-Cœur sont devenus, sur trois étages, un centre de ressources consacré à l’accueil des migrants.

« Bakhita est le nom d’une esclave soudanaise devenue religieuse. Elle est le symbole de la résilience » , explique Isabelle Cauchois, la directrice du nouveau centre d’accueil des personnes exilées qu’ouvre le diocèse de Paris dans notre arrondissement et qui a été inauguré le 25 septembre. Familière des milieux associatifs catholiques et multi-culturels où elle a travaillé de nombreuses années, Isabelle Cauchois incarne un catholicisme qui souhaite revenir aux fondamentaux, basé sur « la rencontre où la fraternité peut se vivre ». Le projet se donne également comme objectif de mobiliser les paroisses moins actives. Le chantier a été réalisé par les compagnons de l’OACAS* Bâtiment, un atelier solidaire qui permet à des hommes ayant connu la rue de se ré-insérer à travers des chantiers de rénovation, encadrés par des professionnels.

Formation, culture et intégration

Le lieu, qui se veut une plateforme complémentaire au service des acteurs impliqués auprès des personnes migrantes, souhaite assumer plusieurs missions essentielles à ses yeux : soutenir et fédérer les partenaires locaux et proposer un accompagnement, sous forme d’accueil, de formation aux migrants et/ou aux réfugiés, pour développer leurs compétences et aider à leur insertion, un accueil inconditionnel des personnes, tant sur le plan religieux que politique. Le projet, en réflexion depuis plusieurs années, s’est construit en collectif, mêlant l’expertise des réseaux catholiques (paroisses, congrégations...), des associations, des bénévoles et des migrants eux-mêmes.

Outre un renforcement en français et des formations en cuisine, en fabrication et en réparation (menuiserie, mécanique …), il propose des formes originales de projets d’intégration qui seront ouverts aux habitants du quartier. L’Armée du Salut, partenaire du projet et experte sur le sujet, animera une cuisine pédagogique et une cuisine ouverte. Une crèche, gérée par les Apprentis d’Auteuil, accueillera douze berceaux dont la moitié dédiés aux habitants. Une halte-garderie est organisée pour les femmes qui viennent prendre des cours. La dimension culturelle de l’accueil est aussi très présente : une salle de convivialité permettra un projet d’orchestre mixte (migrants et Franciliens bénévoles) en cours de recrutement, dirigé par Pierre-Alexis Touzeau, un jeune chef plein d’énergie. On y trouvera aussi un espace de remise en forme, un atelier couture piloté par l’association Aux captifs la libération qui s’y est installée depuis son départ du Dorothy (café-atelier associatif dans le 20e). Un projet à suivre…

Photo : Thierry Nectoux

Dans le même numéro (octobre 2021)

  • Le dossier du mois

    Sauvons nos quartiers

    Sandra Mignot, Sylvie Chatelin
    Une ville plus aérée, plus accessible, plus verte favorisant la qualité de vie des habitants tout en luttant contre le réchauffement climatique... il y a loin du discours officiel aux actes ! Des jardins remplacés par des immeubles ou interdits au public par la présence de toxicomanes, un centre de distribution de colis dans un quartier déjà congestionné : seule la mobilisation des riverains et militants peut faire barrage à ces projets.
  • Actu

    Projet gare du Nord, retour à la case départ

    Dominique Gaucher
    En raison d’un coût exorbitant, le projet de rénovation est abandonné et doit être remplacé par un autre, au budget plus étroit, élaboré en concertation avec les acteurs publics.
  • Actu

    Déplacement des crackers : c’est ça la solution ?

    Sandra Mignot
    Riquet évacué, riverains soulagés, mais Paris pas libéré. Une nouvelle fois, les usagers de drogues sont déplacés, sans qu’une solution d’accueil soit réellement mise en place.
  • La vie du 18e

    Une “Casa” pour des mineurs en errance

    Noémie Courcoux Pégorier
    Grâce à l’initiative – notamment – d’un habitant du 18e, une trentaine de jeunes sont actuellement mis à l’abri. L’association qu’il a co-fondée s’intéresse à ceux que l’Aide sociale à l’enfance ne peut prendre en charge.
  • La vie du 18e

    Basiliade : une escale pour reprendre sa route

    Stéphane Bardinet
    L’association Basiliade met en service des appartements en colocation dans le 18e. Le projet, monté avec l’aide de la Mairie de Paris, donne un toit à des jeunes migrants marginalisés dans leur pays d’origine et qui sont passés par une période de grande précarité sur notre territoire.
  • La vie du 18e

    Jardin contre béton, une lutte inégale

    Sylvie Chatelin
    Un petit ilôt de verdure menacé de destruction au mépris de la qualité de vie des riverains.
  • La vie du 18e

    Géologie : sous nos pieds, 40 millions d’années [Article complet]

    Sylvie Chatelin
    La géologie du sous-sol de notre arrondissement se retrouve, en partie, dans ses monuments, ses trottoirs, ses fontaines et dans son architecture.
  • Grandes Carrières

    Vent debout contre un futur centre de distribution

    Sandra Mignot
    Un centre de distribution de colis projetait de s’installer rue Désiré Ruggieri. Les riverains se sont mobilisés contre le projet. La demande de permis de construire a finalement été rejetée.
  • Grandes Carrières

    Coop cité : vivre le monde autrement

    Aline Grouès, Sandra Mignot
    La Villa des créateurs est une coopérative d’entrepreneurs qui s’est donné pour mission de favoriser le faire-ensemble, d’associer intérêt particulier et collectif, afin de créer une cohésion autour du territoire environnant la place de Clichy.
  • Goutte d’or

    Clarisse Hahn et les « princes » de Barbès

    Monique Loubeski
    Lors des récentes rencontres photographiques d’Arles le travail de Clarisse Hahn, « Princes de la rue », a été très remarqué. Ses modèles : des vendeurs de cigarettes à la sauvette campés sous le métro aérien.
  • Histoire

    Soldats américains, les dessous de la libération

    Annick Amar
    Quelques mois après l’accueil enthousiaste réservé par les Parisiens aux libérateurs venus d’outre-Atlantique, les relations avec les habitants se dégradent, faisant place à la défiance et à la colère. En cause, certains graves écarts de conduite des G.I.’s. Dans le 18e, les anciens Grands Magasins Dufayel ont servi de camp d’hébergement aux soldats américains.
  • Les Gens

    L’instinct casanier et l’esprit voyageur [Article complet]

    Magali Grosperrin, Sophie Roux
    Reconnu comme expert de l’affiche, Alain Weill a multiplié les activités et les expériences, redoublant toujours de curiosité et d’érudition. Il vient de publier un ouvrage remarquable sur l’art africain.