En raison d’un coût exorbitant, le projet de rénovation est abandonné et doit être remplacé par un autre, au budget plus étroit, élaboré en concertation avec les acteurs publics.
Le communiqué de presse du 21 septembre dernier de la SNCF Gares & Connexions ne devrait pas faire beaucoup de malheureux parmi les voyageurs comme parmi les riverains. Il annonce que « le projet de transformation de la gare du Nord ne paraît plus réunir les conditions de réalisation prévues par le contrat de concession attribué à Ceetrus, filiale immobilière du groupe Auchan en février 2019. » En effet, en juillet 2021, le concessionnaire aurait annoncé un « dérapage » du coût prévisionnel des travaux portant le montant global du projet à plus d’1,5 milliard d’euros (contre 500 millions prévus). Le concessionnaire a aussi indiqué que le projet connaîtrait « un retard considérable ne permettant pas, en tout état de cause, de respecter les échéances des Jeux Olympiques et de la Coupe du Monde de Rugby. Des comptes ont donc été demandés à StatioNord sur cette évolution inquiétante et une décision sera prise prochainement sur le devenir de cette concession. »
Soulagement du côté des associations représentant les usagers et les riverains car le projet n’a jamais fait consensus (lire notre n° 289). Si elles reconnaissent la nécessité de moderniser l’équipement, elles dénonçaient la conception même de cette rénovation, centrée sur un vaste pôle d’activité comportant notamment 20 000 m2 de commerces. Les aménagements projetés auraient rendu l’accès aux quais plus long. Les 500 000 utilisateurs du service banlieue auraient dû traverser cet espace commercial avant de rejoindre leur train.
Aucun accès vers le nord
Quant à l’insertion dans la ville, le projet ne prévoyait aucun accès direct pour les habitants des quartiers du nord pourtant appelés à accueillir une population plus importante avec les opérations d’urbanisme prévues dans ce secteur. Les associations n’avaient pu obtenir la construction d’une passerelle reliant le boulevard de La Chapelle à la gare afin d’assurer une ouverture vers le 18e.
Olivier Ansart, président de l’Association pour le suivi de l’aménagement Paris Nord-Est, ASA PNE, estime que « la perspective d’une baisse du trafic international, notamment vers la Grande-Bretagne » peut également expliquer la décision de la SNCF. Il appelle à « rester vigilants par rapport à toute initiative » prise au sujet de l’aménagement de la gare et à « une “conférence de consensus” pour définir collectivement les bases d’un projet vertueux sur le plan environnemental, répondant aux besoins des usagers et respectueux du patrimoine bâti que représente la gare ». Une idée qui émane de l’association Retrouvons le nord de la gare du Nord.
La balle est maintenant dans le camp de la SNCF. Le gouvernement lui a demandé de préparer un projet « beaucoup plus réduit », autour de 50 millions d’euros, selon le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari. Car dans le même temps, la Ville de Paris s’inquiète du report des travaux de modernisation. La SNCF saura-t-elle élaborer un nouveau projet prenant mieux en compte les besoins des usagers et des habitants du quartier ? Et Paris soutiendra-t-il cette démarche ? •
Photo : Jean-Claude N’Diaye