Un centre de distribution de colis projetait de s’installer rue Désiré Ruggieri. Les riverains se sont mobilisés contre le projet. La demande de permis de construire a finalement été rejetée.
Les riverains de Championnet-Ordener peuvent respirer. Depuis le début de l’été, en effet, ils se sont mobilisés contre l’installation d’un centre de distribution rue Désiré Ruggieri. ’On aurait eu des flux de véhicules entrants et sortants toute la journée, dans un quartier résidentiel, avec des habitations tout autour’, s’alarme Loïc Lagadec, qui habite lui-même au-dessus du site et a lancé la mobilisation. ’En outre, l’installation nécessitait un système d’évacuation de l’air vicié qui aurait débouché dans notre jardin. Et puis notre rue est très calme, étroite, en sens unique, débouchant sur la rue Ordener où il y a beaucoup de circulation et où se tient le marché deux fois par semaine. Accéder à cette rue est toujours délicat du fait des stationnements qui amoindrissent la visibilité…’
Le projet de ce centre était celui du propriétaire (GA-Invest) d’une ancienne concession automobile, installée sur un rez-de-chaussée et deux sous-sols, 2 400 m2 au total. L’objectif : développer « une solution de distribution urbaine pour répondre aux besoins de desserte intra-muros ». L’entreprise choisie pour cet aménagement vantait dans une brochure l’emplacement idéal : « Plus de 160 000 personnes et environ 500 commerces accessibles à moins de 15 minutes à pied ; 30 minutes en vélo permettent d’atteindre près de 3 millions de Parisiens et plus de 1 000 commerces alimentaires ; 15 000 commerces et environ 500 000 individus sont à moins de 10 minutes en voiture. » L’espace aménagé aurait été loué à une ou plusieurs entreprises gestionnaires de livraison.
Des besoins concrets
Le projet s’inscrit dans les perspectives tracées par la Ville de Paris. D’ailleurs Mario Gonzalez, adjoint au maire du 18e chargé de l’urbanisme et du logement souligne : « Nous avons besoin de centres de distribution, qui correspondent au développement des comportements de consommation des Parisiens et à la vente en ligne. » L’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) a d’ailleurs établi une cartographie de sites potentiels pour de telles installations ; le 18e en recense une douzaine. Sans compter des projets privés, comme l’était celui de GA-Invest, qui ne figure pas dans la recension de l’Apur.
L’élu du 18e souligne également qu’un centre de distribution n’est pas soumis à déclaration obligatoire. « Dans le projet dont il était question, il n’y aurait eu que des véhicules utilitaires légers, et si les circulations douces y avaient été favorisées, c’était l’intérêt de la Ville de développer ce type d’installation. »
Sauf que ce dernier point n’était pas garanti, tant que les entreprises utilisatrices du site n’étaient pas connues. La Mairie du 18e s’est donc mise à l’écoute de toutes les parties. Elle a proposé une réunion en août dernier avec les riverains, le propriétaire et le promoteur. « Nous avons réalisé qu’il n’y avait pas d’étude d’impact permettant d’évaluer complètement les nuisances (sonores, olfactives ou sur la circulation) qui pourraient découler du projet », remarque Mario Gonzalez. En conséquence, elle a donc émis un avis défavorable à la demande de permis de construire, suivi par la Mairie de Paris qui a le dernier mot en la matière.
Litige de copropriété
En parallèle, les co-propriétaires de la résidence dans laquelle le centre de distribution devait être aménagé ont intenté un recours en assignation. Car GA-Invest avait obtenu leur accord pour son projet en assemblée générale. « Mais ce vote était truffé d’irrégularités », précise Loïc Lagadec. Quant aux riverains hors de la résidence concernée, ils se sont mobilisés avec une pétition papier qui a dépassé les 4 000 signatures. Ils ont également alerté la préfecture sur le problème de sécurité publique. Difficile de savoir précisément quels arguments ont le plus porté. En tout cas, le propriétaire du site doit sérieusement revoir ses projets. •