L’Octopousse, construit sur le modèle du « keyhole », s’inscrit dans une nouvelle génération de composteur. Les résultats de la phase pilote sont concluants. Encore faut-il des volontés pour pérenniser le procédé.
L’expérimentation menée conjointement par Vergers urbains et Compost urbain paraît apporter une solution au problème formulé par Jérôme Woytasik (cofondateur de Vergers urbains) : « Il est difficile de gérer un composteur public où trop de vert est déposé et où les déchets ne sont pas triés. » En effet, un bon équilibre entre matières sèches et matières humides, le tout bien aéré, est indispensable.
L’idée ? Pré-dessécher à domicile les matières humides dans des silos conçus et fabriqués par Compost urbain. La réalisation ? Depuis quelques mois, ce sont donc une quinzaine de familles qui se sont engagées dans ce projet pilote.
Les silos aluminium d’une hauteur de 60 cm pour un diamètre d’environ 30 cm sont gainés d’une bâche PVC micro-perforée recyclée, achetée à la Réserve des arts (matériaux pour les professionnels de la culture, de la création et de l’artisanat), qui permet la ventilation du compost et l’évaporation d’une grande partie de l’eau contenue. Les participants y déposent leur déchets et, afin d’accélérer le processus d’asséchement, y ajoutent de la matière sèche (fournie par Compost urbain), mélange de cagettes broyées et de « champost », les briques de paille déjà bien décomposées qui ont servi de substrat aux champignons cultivés à La Caverne (la ferme urbaine « cavernicole » de la porte de La Chapelle). Un « mélange intégralement parisien », comme se plaît à le souligner Malcolm Hammer (fondateur de Compost urbain) qui démonte et broie lui-même les cagettes, fabrique le mélange et le conditionne en sacs de 60 litres.
Une avancée à confirmer
Les participants apportent ensuite, idéalement tous les deux mois, le contenu de leur silo dont le volume est fortement réduit dans le sac textile fourni à cet effet pour le déverser dans le bac à compost intégré dans une jardinière octogonale (fabriquée par Vergers urbains) sur l’esplanade Nathalie Sarraute. Ils repartent chez eux avec de la matière sèche pour relancer un nouveau cycle en un cercle vertueux infini de « réemploi [des déchets] et de décentralisation [une multitude de petits points de compostage], le seul flux étant celui de la matière séche [dont l’approvisionnement est très local et se fait à pied ou à vélo] », comme le précise Jérôme Woytasik.
C’est à la suite d’un appel d’offres en 2019 de Paris&Co via Urban Lab (laboratoire d’expérimentation de Paris&Co) dans le cadre du Quartier d’innovation urbaine Chapelle-S que Vergers urbains a mis en place l’Octopousse et répondu ainsi à la demande exprimée par les riverains du lieu qui souhaitaient recycler leurs déchets ménagers mais ne savaient pas quoi en faire.
Mise en route le 14 octobre 2020, la phase pilote est maintenant terminée. L’association Vergers urbains a rendu son rapport et estime l’expérience réussie (chaque famille dépose avec régularité environ 13 litres par mois) mais ne se montrera complètement satisfaite que « si un groupe d’habitants s’emparent du projet et s’organisent pour le gérer et l’entretenir ».