Le collectif Extra-Ordener reste vigilant face au projet d’aménagement du site et change de statut.
Même si la surface d’espaces verts au sol a été largement revue à la hausse, l’aménagement du site Ordener-Poissonniers fait encore la part trop belle aux nouvelles constructions. Elle reste largement insuffisante, selon le porte-parole du collectif Extra-Ordener, Jean-Marc Jacob, qui confirme que les militants vont donc reprendre leur « bâton de pèlerin », remobiliser leurs 650 sympathisants et continuer de se battre pour un espace vert sur toute la surface de la friche SNCF, aucune nouvelle construction, l’utilisation du bâti existant pour y loger des structures utiles au quartier et à ses habitants : conservatoire de musique, cantine centrale, maison de quartier, salle polyvalente, et, pourquoi pas, un musée du transport/du rail.
Première démarche de taille, le collectif va se constituer en association. Ce nouveau statut leur permettra d’élaborer un « rapport de force » et « d’obtenir des informations plus facilement et, le cas échéant, de pouvoir attaquer le permis de construire ». Les statuts sont en cours d’élaboration et l’objet de l’association sera assez large pour ne pas se limiter à Ordener-Poissonniers car trop de projets immobiliers (gare des Mines, Chapelle-Charbon, Belliard) impliquent toujours plus de bétonisation et de densification de notre arrondissement.
Déçu par les Verts
Jean-Marc Jacob ne cache pas sa déception face au groupe EELV qui a fini par voter le projet. Emile Meunier, conseiller de Paris (EELV), confirme pourtant que les élus du groupe ont fait tout ce qu’ils ont pu. Ils « ont bloqué deux fois le projet » et sont allés jusqu’à menacer de « ne pas voter le PUP1 ». Mais lorsqu’ils ont été certains de ne pas pouvoir obtenir plus, ils ont « topé ».
A leur actif, ils ont obtenu « 52 % d’espaces verts au sol ouverts au public » contre 10 % initialement prévus, bien loin quand même de leurs revendications lors des municipales 2020 et de leur occupation du site le 12 octobre 2019. Cette « victoire » crée cependant un précédent et l’assurance que ces 52 % seront désormais la norme et le niveau minimum pour tout nouveau projet immobilier.
Ils ont également pu négocier des « dents creuses » dans l’alignement des bâtiments prévus le long de la rue Ordener. De son côté, Jean-Marc Jacob maintient que cette façade sera « refermée à plus de 80 % et ne permettra plus la circulation de l’air ». Alors que le GIEC2 estime que les épisodes caniculaires vont se multiplier, et ce, d’autant plus que le réchauffement global sera important, ce « mur » de béton ne présage effectivement rien de bon.
Alors que veut-on ? Rendre notre ville et nos quartiers invivables plusieurs semaines voire plusieurs mois par an lors de vagues de chaleur qui paraissent inéluctables ? Ou nous y préparer dès maintenant et donner une vraie priorité au végétal en renforçant la place de la nature pour le bien-être et le mieux vivre des habitants, actuels et futurs ?
Gouverner c’est prévoir, c’est maintenant que cela se décide, une fois bétonné, il sera trop tard pour revenir en arrière. Et citons Christine Nedelec, présidente de la section parisienne de France Nature Environnement : « Notre capacité à résister au réchauffement climatique passe par ces îlots de fraîcheur, de respiration et de biodiversité à Paris ! » 1,5 hectare c’est effectivement un îlot, faisons-en une île.