Quand ils ont appris la décision préfectorale, les habitants du quartier se sont insurgés que l’on ajoute de la misère dans un quartier déjà en souffrance. Leurs réactions.
« C’est honteux, on ne peut pas y croire, on aimerait bien savoir qui a imaginé un scénario pareil », ont explosé Catherine et Jean-Pierre, deux habitants de longue date de la rue Riquet. Et Catherine d’ajouter que le signalement des nuisances, depuis plusieurs années ne change rien : « La police ne se déplace pas et on a l’impression que tout le monde s’en fout. »
« Ce qui arrive là, c’est la suite logique de tout un processus de paupérisation d’un quartier populaire auquel se sont ajoutés le problème des réfugiés, puis les conséquences socio-économiques de la pandémie », analyse Bernard, voisin du jardin. Il a envoyé pas moins de 400 mails en trois ans à l’adjoint chargé des espaces verts, Gilles Ménède. « Il me répond, remarque-t-il. Mais c’est surtout pour me dire qu’on n’y peut rien, m’informer de l’installation de nouveaux équipements récréatifs pour les enfants. Fin avril, il m’avait prévenu qu’une nouvelle réunion devait se tenir pour trouver une solution et voilà le résultat. »
Tentation de la violence
Certains riverains apprécieraient des solutions plus radicales. « Je suis pour que cesse le laxisme, je suis pour verbaliser, faire faire des travaux d’intérêt général, par exemple nettoyer le parc, les juger, s’indigne Catherine. Il y a des lois, mais elles ne sont pas appliquées. D’ailleurs l’alcool, les cigarettes sont vendus malgré les interdits et c’est une bande nombreuse qui se sent impunie et qui a pris possession de la rue. » Johanna voit déjà des familles quitter le quartier et s’inquiète de l’environnement dans lequel elle éduque ses enfants : « J’essaye de leur transmettre les bonnes valeurs, de leur faire comprendre que ces personnes sont en souffrance et certains de leurs droits pas respectés. Mais nous nous sommes quand même retrouvés face à une tentative de viol. Suis-je une bonne mère si je reste ici ? » Quant à Bernard, lui est inquiet et craint que certains habitants ne soient à leur tour tentés de réagir avec violence « Déjà certains s’interrogent et disent, pourquoi ne pas faire comme à Stalingrad [en référence aux tirs de mortiers, ndlr]. Nous sommes dans une société où seuls les débordements font réagir. »
Photo : Sandra Mignot