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octobre 2020 / Ecologie, passages à l’acte

Rénovation énergétique, une copropriété se mobilise, la banque ne suit pas

par Noël Bouttier

Dans le nord de l’arrondissement, une grosse copropriété est en butte à l’attitude inconstante de la Caisse d’épargne.

Qui la conteste aujourd’hui ? La rénovation énergétique des bâtiments est devenue une nécessité absolue, validée par le récent plan de relance gouvernemental. Mais de l’objectif politique à sa réalisation concrète, il y a parfois un chemin semé d’embûches. Témoin, cette situation ubuesque que vit une grande copropriété à la porte de Clignancourt.

En 2015, le 45-55 rue Belliard s’engage dans un audit énergétique après une facture de gaz particulièrement salée. Celui-ci débouche sur des recommandations d’amélioration. La copropriété, qui a l’obligation de faire un ravalement, décide de coupler les deux opérations. Ca tombe bien : la Ville de Paris vient de lancer un programme « Eco rénovons Paris – 1 000 immeubles » qui permet de subventionner une partie importante de la dépense. « Dès lors, explique Marie-Hélène Notis, présidente du conseil syndical, nous avons choisi un bureau d’étude thermique et architectural pour réaliser un projet de rénovation. Nous sommes arrivés à un coût global de 3,7 millions d’euros. » Là-dessus, le programme parisien peut prendre en charge 1,2 million, normalement versé après les travaux.

« L’objectif est assez ambitieux, explique Marie-Hélène Notis, car la consommation énergétique doit passer de 245 kWh par m2 et par an à 100. De plus, les balcons sur rue vont être transformés en loggias, ce qui augmente la surface des appartements de 3 à 7 m2. » Reste la question du financement des travaux pour les copropriétaires. Certains sont très âgés et vivent avec de petites retraites. En assemblée générale, en octobre 2019, le principe d’un emprunt collectif est voté. C’est tout à fait facultatif, tous les habitants ne sont pas obligés d’y recourir, mais cela permet à des copropriétaires d’y accéder dans des conditions plus simples que s’ils contractaient à titre individuel. Depuis 2018, après la disparition du Crédit foncier, la Caisse d’épargne est en charge de ce type d’opérations.

Acrobaties bancaires

La demande d’emprunt collectif qui est présentée devant l’Ecureuil représente 550 000 ¤ pour 22 copropriétaires (sur 115 logements). Curieusement, le Crédit d’épargne qui avait proposé cette opération se rétracte. « La banque espérait sans doute prêter une somme plus importante, croit savoir la présidente du conseil syndical. Dans d’autres immeubles, environ 80 % des copropriétaires ont recours au prêt collectif. »

La copropriété a donc décidé d’informer sur ce blocage, notamment l’adjoint au logement Ian Brossat et l’Agence parisienne du climat. « J’ai entraîné les gens sur un projet innovant et citoyen. Et c’est la banque qui va tout bloquer ? », s’emporte Marie-Hélène Notis. Réunis en assemblée générale le 17 septembre, les copropriétaires refusent massivement le chantage de la banque qui voudrait leur imposer un prêt relais avancé couvrant la subvention de 1,2 million d’euros. Grâce à diverses acrobaties, le conseil syndical espère pouvoir assurer le financement de toute la rénovation. Les travaux demeurent programmés pour le 5 octobre.

Illustration : Séverine Bourguignon

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