L’épidémie n’a pas épargné l’immense Marché aux Puces que les touristes ont déserté. C’est l’occasion de s’y balader en évitant la foule des années fastes.
Le célèbre Marché aux Puces de Saint-Ouen souffre lui aussi de l’épidémie de la Covid-19. Succédant aux manifestations des Gilets jaunes et aux grèves de l’hiver dernier, la crise sanitaire a laissé des traces. Les touristes ne viennent plus en masse. Les très nombreux designers, décorateurs, collectionneurs et passionnés du monde entier se font terriblement attendre depuis quelques mois. La fête annuelle de septembre a été annulée. Certes le préfet a autorisé très récemment l’ouverture du marché chaque vendredi après-midi, mais uniquement pour les professionnels, et cela ne semble pas changer la donne. Avant la crise, il s’agissait du cinquième lieu le plus visité en France ! Signe des difficultés actuelles, le restaurant Ma cocotte, que le designer Philippe Stark avait conçu et décoré, a fermé ses portes.
Depuis la réouverture du marché le 15 mai, toutes les précautions ont bien été prises par les marchands. Gels hydroalcooliques, masques et surtout moins de monde dans les boutiques. Mais le plus grand et le plus beau marché d’antiquités du monde ‒ 3 500 marchands répartis sur sept hectares – ne voit plus venir qu’une petite clientèle d’habitués, des promeneurs et quelques passionnés.
Unique et durable
Pourtant les marchandises débordent des étals. La plupart des objets sont en bon état. Des jeux d’échecs, des jeux de l’oie, des peintures, des bougeoirs, des bronzes, des sculptures, des montres anciennes, des parements de salle de bains, des commodes, des photos, des magazines, du mobilier ancien, voire très ancien et encore plein de vêtements, on trouve ici pléthore de merveilles plus ou moins encombrantes.
Les marchands ont soin de présenter du bel objet, de l’objet unique mais aussi de l’objet durable. Des armoires, des sièges, des instruments, des fossiles et des silex par exemple, dont certains datent même de plusieurs milliers d’années. Pour trouver la perle rare, il faut prendre son temps, explorer tous les recoins… et arriver tôt ! La marchandise est constamment renouvelée. On pourra découvrir différents styles de mobilier et d’objets très anciens. Les prix vont ainsi de quelques centimes à plusieurs dizaines de milliers d’euros ! Vous aurez peut-être l’occasion enfin, de croiser quelques « people » qui fréquentent les allées de ce marché mondialement réputé. En tout cas si l’on en croit certains marchands…
De marché en marché
Si on choisit d’arriver par la porte de Clignancourt, passé les quelques stands de vêtements et le pont sous le périphérique un peu sombre, on arrive rue des Rosiers pour la visite du plus ancien des marchés, le marché Vernaison. On y trouvera du mobilier, des tableaux, de la vaisselle, de la verroterie, du cristal, des affiches, des jouets, des objets vintage mais aussi des vases, des interrupteurs… et des objets dont on ne comprend pas à quoi ils pourraient servir !
Juste en face, de l’autre côté de la rue des Rosiers, se trouve le marché Mallassis, avec ses stands estampillés Art Déco, mais pas seulement. On y trouvera également des tapis, des tableaux, du mobilier et des bronzes. Juste à côté, le marché Dauphine, qui regroupe 150 marchands exposant du mobilier ancien et des objets divers et variés, voire insolites. N’hésitez pas à grimper à l’étage : disques, affiches, vêtements anciens et jouets d’époque vous y attendent.
Le long de cette même rue des Rosiers, on trouvera ensuite le célèbre marché Biron. C’est le plus luxueux, plutôt destiné aux grands collectionneurs et aux connaisseurs.
La promenade se poursuit par les marchés Paul Bert, Jules Vallès et quelques autres marchés un peu plus confidentiels. Dans la rue Henri Fabre, bondée à certaines heures, l’ambiance est plutôt « sportswear ».
Trouvailles
Vous pouvez enfin croiser dans certains cafés, Thomas Dutronc jouant de la guitare avec ses potes manouches, et quelques autres célébrités. Cet univers a inspiré et continue d’inspirer beaucoup d’écrivains, de cinéastes, de décorateurs, de designers et de gens du théâtre et du spectacle. De nombreux films ont été tournés dans ce lieu mythique. Entre autres Marathon Man, Frantic, Midnight in Paris… « Ici, les gens ne trouvent quasiment jamais ce qu’ils viennent chercher, s’amuse un marchand. En revanche ils y font quelquefois des trouvailles miraculeuses ! C’est un peu un musée à ciel ouvert où l’on peut emporter chaque objet ».
Photo : Jean-Claude N’Diaye