« Si j’avais trouvé un truc, une notice au Mémorial de la Shoah, j’aurais arrêté de chercher. Mais là… » Il n’y avait rien. Juste le nom d’une jeune fille victime d’une rafle au 89 rue Caulaincourt dans la nuit du 18 au 19 octobre 1943, une photo et le numéro de son convoi vers Auschwitz-Birkenau. Alors Bastien François, intrigué par ce silence et ému par le destin d’Estelle Moufflarge, une parmi ces milliers d’enfants déportés vers les camps de la mort, s’est lancé dans une longue quête pour tenter de rendre vie à l’adolescente.
L’homme a l’habitude d’écrire – il est professeur de sciences politiques à l’université Paris Panthéon-Sorbonne et auteur de plusieurs sommes sur la discipline. Mais le projet de transformer sa recherche en livre n’a émergé que tardivement. Il enquête en effet autour de la jeune Estelle depuis 2014. A l’époque, cet habitant du 18e effectue – par curiosité – une recherche en ligne sur un site qui cartographie les adresses des enfants juifs déportés. Il « découvre » Estelle, quinze ans, arrêtée dans un appartement à quelques numéros de chez lui. « Dès l’instant où j’ai lu son nom il s’est passé un truc, j’ai immédiatement éprouvé de la tendresse pour elle. »
Un travail de fourmi
Il entame des recherches, à petits pas. Prend contact avec les (...)
Photo : Francesca Mantovani