Tenue depuis 2017 par Pierre-Yves Bournazel, la circonscription qui englobe l’essentiel du 18e et la partie nord du 9e est repassée à gauche. Son nouveau député a la ferme intention de contrer « un système qui nous mène à la catastrophe ».
Chroniqueur télé, écolo-végan radical, journaliste, ex-correspondant de guerre, essayiste, à 51 ans, Aymeric Caron devient député de la 18e circonscription de Paris. Grand, svelte, cheveux poivre et sel, à la terrasse du Village, le café emblématique des Abbesses, il ne cache pas que le côté « vu à la télé » l’a servi dans sa campagne mais insiste sur la dynamique Nupes, la coalition de la gauche et des écologistes. « Même si les gens m’arrêtent car ils me reconnaissent, je prends le temps de discuter avec chacun d’entre eux. »
L’ex-journaliste, reconverti dans l’écriture d’essais, s’est présenté sous l’étiquette Nupes au nom de son microparti REV (Révolution écologique du vivant), fondé en 2018, qui revendique 4 000 adhérents. « Créé comme une alternative aux écolos vert pâle d’Europe écologie les verts (EELV), REV est partisan d’une écologie radicale », selon sa vice-présidente, Lamya Essemlali. « L’écologie, outre sa dimension sociale à laquelle je suis très attaché, doit mettre au clair ce que nous reprochons au néolibéralisme, un système qui détruit la planète », confirme Caron.
Issu de l’écosocialisme
L’ex-chroniqueur se revendique de deux penseurs de l’écologie qui sont ses « références en matière de radicalité » : André Gorz et René Dumont. Gorz, co-fondateur du Nouvel Observateur en 1964, tenant de la tendance dite écosocialiste, fortement teintée de marxisme, a influencé les Amis de la terre et tous les mouvements balbutiants de l’écologie politique et fut le mentor de dirigeants de la CFDT ou de l’UNEF. Dumont, agronome auteur du célèbre L’Afrique noire est mal partie et de L’Utopie ou la mort, fut le premier candidat écolo à une présidentielle (en 1974).
Il a aussi une autre passion. « On se souvient de mes trois années passées chez Laurent Ruquier, mais j’ai été journaliste vingt-cinq ans, dont dix ans reporter de guerre à l’agence Capa puis à Canal Plus. » Son visage s’anime et des étoiles brillent encore dans ses yeux quand il évoque sa période « Envoyé spécial ». « Ça a été la plus belle partie de ma vie. Ce que je suis aujourd’hui a été construit par cela. On comprend les hommes autrement. »
Aymeric Caron se dit ainsi « préoccupé par les tensions sociales porte de Montmartre, autour du carré des biffins, et par les jeunes qui se sentent délaissés ». Pour lui « l’éducation est une priorité ». Il a rencontré le collectif des Jardins d’enfants pédagogiques (JEP), ces structures associatives de la Mairie de Paris, alternatives à l’école maternelle, qui accueillent un millier d’élèves. Elles s’inspirent en partie de la pédagogie de Célestin Freinet fondée sur l’expression libre des enfants, mais doivent fermer d’ici 2024 en vertu d’une loi de 2019 rendant obligatoire la scolarité dès trois ans. Annabelle Tillette, dont la fille fréquente le JEP du 251 rue Marcadet, indique que son collectif a été très satisfait de l’entretien avec le candidat Caron. •
Photo : Thierry Nectoux