L’Echomusée méritait bien des expositions tout au long de l’année pour célébrer ses trente ans d’existence. Cela a commencé le 2 juillet avec une trentaine de bâches accrochées aux grilles de l’église Saint-Bernard, retraçant l’engagement des artistes dans la vie de quartier. Au mois de juin, c’était une exposition d’artistes habitués de la galerie. Enfin pour le 15 octobre, Jean-Marc Bombeau a invité 300 artistes à présenter dans ses murs 300 formats 30 x 30.
Voilà en effet trente ans que ce plasticien installé dans un atelier de la Goutte d’Or, a décidé de créer un espace galerie. L’idée était dans l’air du temps. Plusieurs artistes du quartier s’étaient rencontrés en juin 1992 chez Gisèle Grammare, elle aussi artiste plasticienne (et professeur émérite à Paris 1 Panthéon / Sorbonne) avec Geneviève Bachelier, artiste peintre bien connue à la Goutte d’Or, pour réfléchir à l’organisation de Portes ouvertes. Enthousiasmé, Jean-Baptiste Bresciani, autre artiste, en parle à Jean-Marc Bombeau : « Salut l’artiste, il faut que je te parle d’un projet de quartier », et c’est la création de Goutte d’Or / Carré d’Art avec une première exposition organisée dans la foulée dans le local de ce qui deviendra Cargo 21 et ensuite l’Echomusée.
Une création collective
Vaste programme que la création de ce lieu particulier dans l’environnement de ce quartier. Des sociologues, historiens et chercheurs ont participé à certains travaux autour de cette proposition de tiers espace. Ainsi est né cet « écho » artistique, lieu de partage modulable, vitrine de l’art sur la vie et de la vie sur l’art, espace de mémoire culturelle et créative, forme de laboratoire afin de faire surgir l’âme de ce petit village qu’est la Goutte d’Or. Ateliers d’artistes, espace d’expositions, de concerts, de performances, de réceptions, la galerie a inspiré beaucoup d’artistes locaux qui ont présenté leurs peintures, leurs photos, leurs dessins. Cet espace est ouvert à tous ceux qui souhaitent proposer un projet.
Et depuis 1992, l’Echomusée a vu se relayer des centaines d’artistes, certains connus, tels Jérôme Ménager, Denis Lavant, Fantazio, Monsieur Chat, Miss Tic, Popay… ou débutants. Pascale Veyron, une des premières exposantes qui travaille toujours dans le quartier, dit que Jean-Marc lui a mis « le pied à l’étrier » et que « la galerie lui a permis de rencontrer des collectionneurs ». Après le premier confinement, l’Echomusée a exposé le travail de 70 artistes sur leur vision de la pandémie puis, après le second, le travail de 60 autres autour du street art qui ont connu un réel succès. « Cependant, la galerie souffre d’un manque de fréquentation et de visibilité. La culture dans ce quartier populaire riche en création, semble délaissée par les amateurs d’art. A l’évidence on a oublié qu’elle est un des moteurs de l’éducation, un des moteurs du lien social », observe Jean-Marc. L’association, elle, demeure en quête de partenariats pour donner un peu d’oxygène afin de pérenniser l’expansion d’un projet toujours vivant. •