Un casse-tête pour les professeurs de la Ville de Paris. Alors que rien n’a été prévu pour palier une semblable crise, ils se battent pour maintenir le lien et l’enseignement.
Les applications de messageries des professeurs de musique de la Ville de Paris qui interviennent dans les écoles fonctionnent à plein régime depuis le 16 mars, premier jour de fermeture des écoles. Pas simple de mettre en place des programmes de musique à distance quand rien n’est adapté dans le dispositif de l’Education nationale. « Il faut maintenir le lien pédagogique », affirme-t-on à la direction des Affaires scolaires de la Ville (DASCO). Mais les outils qu’elle propose sont inutilisables : c’est de la pédagogie, pas de l’enseignement.
La chorale, on oublie, mais il reste l’histoire de la musique, la découverte des instruments – virtuelle bien sûr –, le chant, pourquoi pas, l’imagination… On sait combien la musique est essentielle au bien-être des enfants. Heureusement, les nombreux projets collectifs initiés dans l’arrondissement depuis plusieurs années (concerts inter-écoles en particulier) ont entraîné les professeurs à échanger par l’intermédiaire du portable. Et depuis lundi, ça fuse : recherche de sites éducatifs, partage de fiches réalisées par les uns ou les autres, échanges de bons plans, etc.
Le temps passé sur Internet !
Mais pour tout mettre en place rapidement, un travail de titan les tient rivés à leur téléphone ou à leurs écrans. « Cela prend beaucoup de temps », avoue l’une d’entre eux. « On ne sait pas toujours où chercher, il faut transformer nos documents en PDF, en MP3, je n’ai pas 20 ans pour manier tout cela facilement. » Pour la plupart, le temps sur Internet est exponentiel : « Parfois j’éteins mon téléphone, je n’en peux plus. Entre mon activité de musicienne, ma chorale, les projets pédagogiques, les cours, quand je le rallume, j’ai 150 messages ! »
Pour l’instant le projet autour de Boris Vian, qui doit se dérouler en juin à la mairie, et qui réunit plus de 600 enfants, est maintenu : enregistrements audio, paroles, partitions, fiches incitent les enfants à chanter chez eux, à apprendre les paroles, sans passer la journée devant les écrans. Il faut continuer à mobiliser les troupes, et c’est ce qui inquiète un peu tout le monde : « Je suis sans nouvelles de quelques élèves, explique une prof. J’ai peur qu’ils décrochent, l’enseignement c’est beaucoup d’affectif pour mobiliser les enfants les plus en difficulté. »
L’académie doit se mobiliser
Autre question à résoudre, trouver l’outil pour partager avec les élèves. Certaines écoles ont leur propre site, et le professeur de musique sa page ou son blog. Ce n’est pas le cas de toutes. Là, c’est l’académie qui doit se mobiliser enfin pour trouver une solution… qui fonctionne !
Mais la solidarité se développe, surtout dans les zones REP et ZEP où les professeurs craignent que le confinement isole encore davantage leurs élèves. « Ils me manquent beaucoup. En classe, on interagit, on réagit, là nous n’avons plus de retour réel. » •