Les Jardins du Ruisseau vont devenir l’un des points d’entrée de la promenade que la Mairie de Paris installe sur la Petite Ceinture. L’aménagement affectera l’organisation de cet îlot de verdure, créé par et pour les habitants du 18e. Mais l’association gestionnaire, en passe de renouveler la convention signée avec la Ville de Paris pour l’occupation du lieu, entend bien poursuivre son activité.
Un tournant s’annonce dans la vie des Jardins du Ruisseau. Dans le cadre du programme d’ouverture au public de la Petite Ceinture (lire ci-contre), le site va être quelque peu bouleversé, puisqu’il va devenir l’un des points d’accès à la promenade que la municipalité est en train de mettre en place. L’escalier qui permet actuellement de descendre de la rue dans ce petit coin de verdure, et, dans la foulée, d’accéder aux rails, va être repris et géré par la Ville. Ce qui mènera de fait à une scission de l’espace vert. « Il doit y avoir une répartition régulière des points d’accès à la Petite Ceinture pour faciliter l’évacuation en cas de besoin, résume Denis Loubaton l’un des fondateurs des Jardins du Ruisseau et actuel trésorier. Et l’un des points d’accès doit être au niveau de notre terrain. D’autres solutions ont été étudiées mais soit elles étaient refusées par la SNCF, soit elles étaient trop coûteuses pour la Ville. »
Les jardins sont-ils pour autant menacés ? « A l’origine, il y a plus de vingt ans, notre but était de rendre vivant un espace industriel délaissé et qui était devenu un véritable dépotoir, rappelle Denis Loubaton. Nous avons atteint notre objectif, nous avons contribué à ce que la Petite Ceinture soit inscrite comme corridor vert et acteur de la biodiversité. A présent le but de la Ville est de permettre aux Parisiens de descendre sur la Petite Ceinture. C’est très difficile de s’opposer à cette ambition. Il y a une reconfiguration du territoire qui marque la fin d’un cycle. »
Scinder l’association en deux
L’association des Amis des Jardins du Ruisseau qui gère le lieu ne baisse pas pour autant les bras. Elle est actuellement en train de renouveler sa convention avec la Ville de Paris pour l’utilisation du lieu gracieusement mis à disposition. Le contrat devra tenir compte des nouvelles données que sont l’accès public, mais aussi les activités d’animation réalisées sur les voies. Jusqu’à présent l’association organisait le désormais réputé festival Clignancourt sur les rails mais aussi des activités hebdomadaires comme des cours de tango ou de yoga sur un parquet enjambant les rails. De l’autre côté de la voie de chemin de fer, La Recyclerie propose également des activités ainsi qu’un marché de Noël. Tout cela pourrait changer et d’autres intervenants pourraient venir animer les lieux.
Le 3 décembre, l’association a organisé une concertation sur le devenir des jardins. « Nous avons rassemblés une cinquantaine d’adhérents pour imaginer le jardin dont ils rêvent, autour d’une “coach en intelligence collective” » raconte Denis Loubaton. Les idées émanant de cette journée de réflexion seront présentées prochainement aux adhérents des Jardins du Ruisseau. « Mais l’AG a déjà décidé de scinder l’association en deux, explique Denis Loubaton. Une partie s’occupera de la partie située sur l’espace public, l’autre du jardin sur la propriété de la SNCF. »
A la recherche d’un nouveau CA
Surtout, dans le cadre de l’évolution du site et de sa convention avec la Ville, l’équipe actuelle élue au conseil d’administration de l’association a prévu de démissionner, avant la signature de la nouvelle convention, afin qu’une nouvelle équipe prenne la suite. « Nous voulons transmettre à d’autres le soin de réinventer le projet dans l’espace qui sera le sien, précise Denis Loubaton. Bien sûr nous serons là pour les aider. »
Avec en perspective le déploiement d’un autre projet, acté grâce au Budget participatif de 2021 : l’installation d’une serre verticale et rotative dans le square situé entre l’entrée de la villa des Tulipes et le boulevard Ney. Car l’action des Amis des Jardins du Ruisseau s’est aussi déployée hors les quais avec notamment l’aménagement et le verdissement du pont qui surplombe les plantations. La serre, elle, permettra de poursuivre l’objectif pédagogique qui anime l’association depuis sa création : elle proposera des activités autour des semailles aux résidents de la future pension de famille de la villa des Tulipes (lire p. 11), aux résidents du parc social, aux écoles du quartier, aux étudiants du CROUS, aux résidents des Ehpad, et sera accessible (à la différence des jardins) aux personnes à mobilité réduite. L’ouverture est envisagée entre 2023 et 2024. •
Photo : Jean-Claude N’Diaye