La décision, prise en 2013, de moderniser la gare du Nord, a connu moult revirements. Après l’abandon du premier projet, pharaonique et trop coûteux (lire nos n° 289 et 297), un nouveau projet a été conçu et présenté aux riverains.
Le nouveau projet développé directement par SNCF Gares &Connexions – baptisé Horizon 2024 – correspond-il mieux aux besoins des habitants et des usagers ? Il a fait l’objet de la réunion publique du 17 octobre dernier organisée conjointement par la mairie du Xe arrondissement, la direction de Gares &Connexions et la RATP. Y participaient les différentes associations représentant habitants et usagers : le Comité des habitants gare du Nord - la Chapelle, les associations « Retrouvons le nord de la gare du Nord », « Demain La Chapelle » et ASA-PNE (Association pour le suivi de l’aménagement Paris Nord-Est).
La Ville de Paris avait préalablement défini cinq prérequis indispensables à un développement satifaisant du projet : définir un calendrier en fonction des priorités et contractualisé entre les parties prenantes ; abandonner la séparation des flux d’entrée et de sortie ; dédensifier le projet ; assurer une plus grande ouverture sur le quartier ; améliorer son intermodalité.
Des travaux plus modestes
S’agissant de l’intérieur de la gare, les travaux que propose dorénavant la SNCF Gares&Connexions sont d’une ampleur bien moindre que ceux prévus dans le projet Stationord rejeté par la ville. Habitants et usagers semblent satisfaits de cette évolution. L’objectif affiché est d’offrir « une gare plus confortable, plus verte et plus ouverte sur la ville au moment des grands évènements sportifs de 2023 et de 2024 : la Coupe du monde de rugby et les jeux Olympiques et Paraolympiques ». Il s’agit « d’améliorer significativement les conditions d’accueil des voyageurs et de fluidifier leur parcours en gare et autour de la gare », indique Gares& Connexions.
Concrètement, le projet prévoit « une signalétique augmentée » pour mieux guider les voyageurs et la réorganisation de certains espaces : le Hall des grandes lignes, la zone d’accueil des passagers de l’Eurostar, les quais du Transilien et les liaisons entre les grandes lignes et la banlieue ainsi que les entrées et sorties de la gare. Des espaces commerciaux seront réouverts pour redonner vie à la gare. Un nouveau parvis situé du côté de la gare routière devrait favoriser l’accès des piétons et des cyclistes qui disposeront d’une halle à vélos sécurisée. La cour des taxis sera « repensée », permettant une dépose directement au niveau de la gare, et un parking plus adapté sera créé au sous-sol pour les voitures et deux-roues motorisés. Enfin, le parvis principal sera réaménagé par la Ville de Paris pour faciliter la circulation des piétons.
L’ouverture vers le nord toujours attendue
De quoi rassurer habitants et usagers ? Oui, pour la partie gare où la libération de l’espace consécutive à la suppression des kiosques et les travaux devraient améliorer la circulation dans le hall d’entrée. Mais des interrogations demeurent quant aux aménagements extérieurs relevant de la ville. Si l’objectif d’un développement des mobilités douces notamment sur le parvis sud semble faire consensus, les associations craignent une aggravation des conditions de circulation automobile notamment rue du Faubourg Saint-Denis. Elles souhaitent être étroitement associées à l’avancement du projet notamment au sein d’ateliers de travail. Et demandent la réalisation de « l’ouverture de la gare du Nord vers le nord ».
Dès le premier projet de modernisation, elles avaient dénoncé l’absence totale de lien avec les quartiers environnants, notamment les nouveaux quartiers en pleine mutation urbaine du 18e arrondissement. « Le projet actuel acte la réalisation de cette liaison mais ses conditions concrètes restent à définir, indique Olivier Ansart, président de l’ASA-PNE. S’agira-t-il d’une passerelle uniquement piétonne ou sera-t-elle également accessible aux cyclistes ? Sera-t-elle construite à l’ouest ou à l’est de la gare ? Autant de choix à effectuer et auxquels les représentants des habitants et des usagers doivent être associés ». Son édification ne devrait pas intervenir avant 2030 voire 2035. Une date laissant le temps nécessaire pour permettre à tous les acteurs concernés de travailler ensemble.•