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janvier 2023 / La vie du 18e

L’hébergement d’urgence sous tension

par Joachim Jarreau

Même si le gouvernement a renoncé à diminuer directement le nombre de places pour héberger les personnes sans-abri, trop d’entre elles sont à la rue cet hiver, alors que le plan logement n’est pas suffisamment déployé.

Comme ailleurs en France, la situation de l’hébergement d’urgence à Paris inquiète en ce début d’hiver. Au 115 (le numéro d’urgence pour les personnes à la rue, opéré par le Samu social de Paris), on compte 13 000 appels par jour (provenant de 1 500 numéros différents qui répètent souvent leur sollicitation), et autour de 900 personnes qui, chaque nuit, n’obtiennent pas d’hébergement suite à un appel.

Si le gouvernement a finalement renoncé à supprimer 7000 places d’hébergement d’urgence en 2023, sous la pression des associations, unanimes contre ce projet, la situation du secteur reste tendue. En cause, une augmentation des besoins, la précarité n’ayant pas reflué autant qu’escompté, avec la fin de la crise sanitaire. En 2020 et 2021, l’État, qui a la compétence sur l’hébergement d’urgence, avait fortement augmenté le nombre de places, notamment via le conventionnement de nombreux hôtels, un effort salué alors par les acteurs du secteur. Cela avait permis de réduire significativement la tension sur le dispositif, réduisant les délais pour l’orientation des demandes au 115. Les décomptes réalisés dans le cadre de la Nuit de la Solidarité, en janvier chaque année, avaient par exemple montré une baisse nette du nombre de personnes sans abri à Paris en 2021 puis 2022. Avec la fin de la crise Covid, l’Etat a, depuis le printemps 2022, commencé à supprimer une partie de ces places, considérant que la situation d’urgence était terminée. La précarité, elle, ne semble pourtant pas avoir diminué autant que prévu.

De moins en moins de places en hôtel

A ces suppressions de places s’ajoutent les difficultés à maintenir les places existantes, dans un contexte où une grande partie de l’hébergement d’urgence repose sur de « l’intercalaire », c’est-à-dire des places en hôtel ou dans des bâtiments disponibles provisoirement. Les associations gestionnaires de centres d’hébergement, telles que le groupe SOS, opérateur de plusieurs centres dans l’arrondissement, disent rencontrer des difficultés pour trouver des lieux où ouvrir des places, qui sont pourtant financées.

Alors que les élus locaux alertent depuis des semaines sur la situation, l’Etat semble ne se résoudre à agir qu’avec réticence. Le gouvernement considère en effet que la solution au mal logement doit passer par le plan logement, qui vise à favoriser l’accès au logement pérenne. Pour Pierre Yvain Arnaud, adjoint (EELV) au maire du 18e en charge des solidarités et de l’hébergement d’urgence, les moyens consacrés à ce plan n’ont pas été suffisants, jusqu’à maintenant, pour permettre d’enclencher une réduction de ceux de l’hébergement d’urgence.

De fait, les professionnels du secteur semblent unanimes pour réclamer de parer d’abord au plus urgent. L’élu rappelle que l’arrondissement prend déjà une part importante dans l’hébergement d’urgence à Paris (avec plus de 5000 places), et regrette que d’autres arrondissements ne fassent pas autant d’efforts. Le déclenchement du plan grand froid, le 12 décembre, devrait permettre l’ouverture de places supplémentaires, notamment dans des gymnases, et de réduire un peu la pression. Mais les élus de la majorité municipale affirment que cela ne suffit pas, et réclament la réquisition de bâtiments vides.

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