La qualité de l’air de la capitale est toujours mauvaise. Une carte publiée par Respire compare les données de la pollution atmosphérique devant les écoles aux seuils d’alerte de l’OMS.
Les abords de tous les établissements parisiens dépassent les recommandations de l’OMS en matière de qualité de l’air. Une carte élaborée par Respire (l’association nationale pour l’amélioration de la qualité de l’air) permet de suivre l’évolution de trois types de polluants, entre 2012 et 2019, aux abords de 12 000 établissements franciliens, écoles, collèges, lycées et crèches. L’étude repose sur les données fournies par Airparif - Observatoire de la qualité de l’air en Île-de-France.
Pour ce qui concerne les particules fines (PM2,5), les 174 établissements du 18e présentent un mauvais bilan. Ces polluants sont considérés comme les plus toxiques car ils se diffusent dans tout l’organisme et sont responsables de problèmes cardio-vasculaires, neurologiques ou de santé périnatale. L’exposition au dioxyde d’azote (NO2), qui provient essentiellement du trafic routier, et aux particules grossières (PM10) générées par le chauffage, les transports, le secteur agricole et les chantiers, sont tout aussi excessives. Ces résultats n’étonnent pas l’élu EELV Antoine Dupont. « Les écoles les plus concernées sont celles près desquelles il y a des reports de trafic, liés aux modifications des sens de circulation », explique cet adjoint au maire du 18e, en charge des mobilités, de la voirie et de la transformation de l’espace public.
Des concentrations en baisse
Pourtant les chiffres montrent une amélioration quasi continue depuis 2013. A Paris, la concentration en PM2,5 est passée d’un peu plus de 19 µg/m3 à 13. Alors qu’en 2013, 1777 établissements scolaires affichaient de mauvais résultats et 63, des résultats très préoccupants, en 2019, la totalité affichaient des résultats « seulement » mauvais.
Les cinq établissements du 18e dans une situation critique lors d’une précédente étude (en 2019, lire notre n° 276) sont revenus à des niveaux comparables à ceux de leurs voisines. Le lycée Jules Ferry est passé de 80 µg/m3 à 52 µg/m3 de NO2. L’école primaire Damrémont est passée de 62 à 35 µg/m3. La maternelle du Mont-Cenis est passée de 64 à 37 µg/m3.
Si les seuils de référence n’avaient pas été abaissés, Damrémont et Mont-Cenis apparaîtraient dans une situation saine. Mais en septembre 2021, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réétudié les données récentes en matière d’impact de la pollution sur la santé et observé que celui-ci débute à des seuils bien plus bas. En matière de NO2, par exemple, une atmosphère saine ne doit pas comprendre plus de 10 µg/m3 de ce gaz.
Limiter la circulation
En conséquence, Respire a élaboré des recommandations à l’intention des décideurs. Elles comprennent la réduction du trafic routier aux abords des écoles. « C’est l’option majeure, observe Antoine Dupont. A court terme nous créons des rues aux écoles. Bien sûr, piétonniser risque de créer des reports de circulation. Mais les enfants sont les plus sensibles à la pollution. Ils doivent être une priorité. » L’élu mise aussi sur la réduction globale de la circulation dans Paris et rappelle qu’en 2024, les véhicules diesel seront interdits. Autres recommandations formulées par Respire : le renforcement des politiques de réduction des émissions de PM2,5 liées aux cheminées, aux activités agricoles et industrielles et la généralisation de l’installation de capteurs de CO2 et des purificateurs d’air dans les salles de classes. A Paris un quart des écoles seraient déjà équipées de capteurs. « Cela permet aussi de connaître les établissements les plus impactés par la pollution », précise Antoine Dupont. Ces équipements ont aussi par ailleurs montré leur utilité dans la lutte contre le Covid 19. •
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