mai 2022 / Grands travaux : un paysage urbain en chantiers
Belliard : sous la verdure, les vagues
Une nouvelle piscine devrait s’implanter dans l’ouest de l’arrondissement, même si sa construction peine à commencer.
Derrière les grilles des 133–133bis de la rue Belliard, devrait voir le jour une piscine répondant à un projet ambitieux. La localisation a été choisie car l’ouest du 18e est sous-doté en bassins. Les équipements existants sont fréquentés chaque année par 45 000 nageurs. « Il fallait faciliter l’accès des scolaires qui se déplacent en général dans un rayon d’un quart d’heure », explique Mams Yaffa, adjoint (EELV)au maire du 18e, chargé des sports.
Mais cet équipement, décidé en 2019, peine à naître. Il a fallu quatre ans pour que le dossier devienne réalité. La Mairie ne pouvait acquérir la totalité des garages du site sur lequel l’établissement doit s’implanter, certains propriétaires refusant de vendre, jusqu’en 2021. C’est aujourd’hui chose faite et la démolition du parking a commencé. Celui-ci était devenu un squat lugubre, que plusieurs incendies avaient transformé en un décor de film d’horreur. L’établissement scolaire d’à-côté avait, de ce fait, été évacué plusieurs fois.
C’est donc une histoire radicalement différente qui va s’inscrire dans ce lieu. Celle d’un équipement aquatique transparent, léger, verdoyant, qui cumule les labels environnementaux. Pour cela, les architectes ont dû se plier à de nombreuses contraintes et faire appel à plusieurs corps de métiers (acousticiens, paysagistes, etc.). La première, et sans doute la plus sensible, est la préservation de l’ensoleillement de l’école élémentaire contigüe. La piscine sera donc sur un seul niveau et de plain pied avec la rue Belliard. La toiture, toute en ondulations, rappelant des vagues, s’abaisse en direction de la cour de récréation, laissant passer la lumière. Selon Nicolas Rouleau, l’architecte de l’agence Bourgeuil et Rouleau responsable du projet, la piscine devra entrer « au chausse-pied » dans une parcelle très étirée. Les grandes verrières permettront tout de même un éclairage naturel.
La préservation de la biodiversité est un autre enjeu. Il s’agit en fait, ici, plutôt d’une reconstitution de celle qui avait disparu. Plusieurs leviers seront actionnés. Tout d’abord la végétalisation à tous les niveaux (toiture, façade, etc.). Pour être efficace cette végétalisation sera aussi arbustive. Deux petits jardins viendront encadrer le bâtiment. Celui des Abysses, visible de la piscine, et un autre sur le toit des vestiaires, accessible depuis le terrain de sport de la rue Championnet.
Un magnolia pour emblème
La présence de la nature s’étendra jusque dans le hall d’accueil, avec un magnolia en pleine terre. Des nichoirs pour les moineaux seront également installés.
Les piscines sont des équipements énergivores. La plupart d’entre elles, construites dans les années 70, ont une isolation insuffisante. Cette nouvelle installation, va permettre de profiter des dernières innovations. La moitié de l’énergie utilisée devrait être issue des énergies renouvelables, via le raccordement au réseau de chaleur urbaine. Et côté eau, elle sera recyclée en boucle avec des systèmes de filtrage plus performants.
L’ensemble peut faire rêver. La construction pourrait commencer avant la fin 2022 et durer une vingtaine de mois. Mais des obstacles demeurent. Des sondages dans le sol doivent être réalisés après la démolition du parking. Surtout, le contexte économique est incertain. Il a conduit à une augmentation très importante du coût des matériaux (bois, verre, ciment, etc.), parfois du simple au triple. L’enveloppe budgétaire (coût initial 11,76 millions d’euros hors démolition) n’est pas extensible. Le projet devra peut-être être remanié. Le « serpent de mer » de la piscine Belliard n’est pas encore dompté.