Du pavot bleu au jaune en passant par le rouge coquelicot, de nos champs à l’Himalaya, la famille des papavéracées reste à découvrir pour embellir nos parcs et nos jardins.
Sans doute avez-vous été émerveillés un jour en découvrant, depuis la fenêtre d’un train, des champs rendus écarlates par la floraison du coquelicot (Papaver rhoeas). Son nom en vieux français, « coquerico », fait le parallèle avec la couleur de la crête du coq ! Cette jolie messicole fait un retour en force dans nos campagnes à la faveur des créations de jachères ou de parcelles gérées en agriculture biologique. Elle entre aussi dans nos jardins publics parisiens à l’occasion d’un apport de terre venue d’Île-de-France et porteuse de graines en dormance ou lors d’un semis de prairie fleurie où il figure en bonne place en compagnie du bleuet.
Le coquelicot n’est pas le seul membre de la famille des papavéracées à orner nos jardins et plusieurs de ses cousins sont bien présents dans les parcs. Le premier à fleurir, dans des tons blanc, jaune ou orange est le pavot d’Islande (Papaver nudicaule), qui n’a d’islandais que le nom puisqu’il est originaire des régions à étés frais d’Asie et d’Amérique du Nord ! On l’admire essentiellement dans les corbeilles de plantes bisanuelles, en compagnie des pensées, primevères et autres myosotis, où il est très visité par les abeilles.
Fleurissant peu après, mais plus à l’aise dans les massifs de vivaces où son aspect naturel fait merveille, le pavot jaune des Pyrénées (Meconopsis cambrica) éclaire les sous-bois de ses fleurs jaunes d’or. Cette petite plante fleurit du printemps à l’automne et se ressème abondamment en sol frais. Egalement vivace, mais préférant les sol bien drainés, le pavot d’Orient (Papaver orientale) est bien plus impressionnant et forme une grosse touffe de feuilles dont surgissent de magnifiques fleurs simples ou doubles de couleurs variées. Une de ses variétés s’appelle « Place Pigalle » et possède des fleurs blanches bordées de rouge rappelant la robe des danseuses du Moulin rouge !
Des fleurs multicolores
Ensuite fleurira le pavot somnifère (Papaver somniferum), sculpté de manière allégorique sur de nombreuses tombes du cimetière de Montmartre où il symbolise le sommeil éternel. Cette plante annuelle peut être utilisée de trois manières très différentes : en Orient, on incise la capsule de sa variété à graines blanches « album » pour récolter un latex qui se transformera en opium ou en morphine ! En occident, sa variété à graines noires « nigrum », appelée « œillette », est cultivée en grands champs pour fournir des graines alimentaires utilisées entières, par exemple sur le pain ou écrasées pour donner une huile destinée à la cuisine ou à l’industrie des vernis et peintures. Quant à ses variétés à fleurs doubles, elles ornent nos jardins où leurs feuillages bleutés, surmontés de pompons aux tons pastels ressemblant aux pivoines, sont toujours remarqués. Enfin, vous pourrez tenter de cultiver le mythique pavot bleu de l’Himalaya, (Meconopsis betonicifolia), vivace capricieuse et exigeante qui fera sensation. Alors, quel pavot allez-vous choisir ?
Photo : Jean-Claude N’Diaye