mai 2022 / Grands travaux : un paysage urbain en chantiers
Chapelle Charbon : 380 logements en bordure du parc
Les consultations sont lancées pour la construction de bâtiments d’habitation au nord de la ZAC de l’Evangile.
Chapelle-Charbon, c’est pour l’instant un jardin, dont seule la première tranche est accessible. Une deuxième tranche devrait être livrée au public en 2026. Et à terme, cet espace vert devrait courir jusqu’à la rue d’Aubervilliers, effaçant au moins en partie la zone industrielle CAP 18. Mais le site prévoit aussi l’érection de six bâtiments abritant 380 logements adossés à ceux qui tournent le dos au jardin, ainsi qu’une école de douze classes et une cuisine de secteur. Olivier Ansart, président de l’association ASA-PNE, observe que « la programmation de logements a été revue à la baisse depuis les 500 logements initialement envisagés en 2018 ». De plus, la jonction du square Raymond-Queneau au parc Chapelle-Charbon doit permettre « une augmentation de 2 200 m2 d’espaces verts et la plantation de nouveaux arbres (250 à 300) ».
L’objectif de l’aménageur Paris et métropole aménagement (P&MA)
est de connecter ce « cul-de-sac » que représente le quartier de l’Evangile aux quartiers environnants. « Il faut que le quartier soit plus ouvert au nord, au sud, à l’est, à l’ouest », a résumé Eric Lejoindre, maire (PS) du 18e, mais aussi actuel président de P&MA. Les rues Jean Cottin, Croix-Moreau et Tchaïkowski ne seront plus des impasses mais déboucheront sur le parc.
50 % de logement social
Quatre bailleurs parisiens (RIVP, I3F, Paris Habitat et Elogie Siemp) sont engagés dans la construction des immeubles. Ils comprendront 50 % de logements sociaux, 15 % seront en accession libre et 20 % intègreront le nouveau dispositif de bail réel solidaire qui permet d’acheter uniquement les murs, tout en s’acquittant d’une mensualité pour la location du foncier. Le reste ressortira du logement intermédiaire. Les rez-de-chaussée des nouveaux bâtiments seront occupés par des commerces et activités « orientés vers l’économie sociale et solidaire (ESS), aux loyers abordables et sous gestion unique ».
Lors de la réunion de présentation aux urbanistes et architectes souhaitant concourir à l’appel d’offre public, le 11 mars dernier, les bailleurs ont rappelé que les riverains seront associés à la concertation au second semestre 2022. « Des ateliers seront organisés dans le quartier en phase projet qui permettront de rédiger des annexes citoyennes aux cahiers des charges, a expliqué Adeline Chambe, directrice de l’aménagement chez P&MA. Puis des ateliers d’analyse, pour lesquels des habitants seront formés, seront proposés autour des projets retenus. Enfin un tirage au sort parmi les volontaires permettra la présence d’un habitant au comité de sélection final. » Les projets candidats devront donc d’abord consister en « esquisses légères, afin de conserver une part de négociation et de faire ensemble ». Pour ASA-PNE, c’est une bonne chose que l’on écoute les habitants. « Ensuite il faudra voir quel pouvoir leur est accordé sur le projet architectural », note Olivier Ansart. La demande formulée par l’association de participer aux jurys des concours n’a quant à elle pas encore été prise en compte.
Objectif zéro carbone
Surtout, l’ensemble du projet – rebaptisé Cha-Cha en interne – doit répondre aux objectifs les plus ambitieux en matière environnementale. « L’idée est un quartier zéro carbone », a précisé Jacques Baudrier, adjoint (PS) à la maire de Paris chargé de la construction publique, du suivi des chantiers, de la coordination des travaux sur l’espace public et de la transition écologique du bâti. Côté espaces verts, les élus annoncent vouloir maximiser la végétalisation. Ainsi les cœurs d’îlots (cours intérieures) devraient demeurer de pleine terre, comme un tiers des espaces publics et 58 % du parc, 80 % de l’ensemble de la zone d’aménagement demeurant non bâtis. « Quant aux immeubles, nous voulons le moins de béton possible et le moins carboné possible, a poursuivi Jacques Baudrier. C’est pourquoi par exemple, il n’y aura pas de parking en sous-sol, les menuiseries seront en bois, les projets candidats devront utiliser des matériaux biosourcés. » Côté thermique, les bâtiments, orientés nord, seront connectés au chauffage urbain ; l’aménageur parie en effet sur des progrès technologiques futurs permettant de diminuer les émissions de carbone de cette source d’énergie. Fini donc le gouffre financier que peut représenter le chauffage électrique. Mais des recommandations ont également été formulées à l’intention des candidats quant au choix des matériaux pour garantir une certaine fraîcheur estivale des appartements. Les bailleurs sociaux ont également insisté sur la modularité des locaux, les habitants du parc social demeurant en moyenne vingt ans dans leur logement. Côté bail réel solidaire, il faudra également construire, certes beau mais aussi « solide, costaud afin de ne pas entraîner de charges d’entretien élevées, ces appartements étant destinés à des ménages de la classe moyenne », a précisé Valérie de Brem, directrice générale d’Elogie-Siemp.
Les professionnels ont manifesté une certaine inquiétude, partagée par l’aménageur, par rapport aux coûts de construction, qui augmentent actuellement sensiblement. Les budgets pourront-ils être tenus ? Les premiers permis de construire sont en tout cas attendus pour fin 2023.