Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

janvier 2021 / La Chapelle

Fabriqué à Paris : la rue d’Aubervilliers lave plus propre [Article complet]

par Dominique Boutel

Deux hommes travaillent pour la santé de la planète en créant une lessive écoresponsable !

Tout est parti d’une indignation face à un bidon vert de lessive labellisée bio et prétendument écoresponsable. Hubert Michaux et Victor Cerutti découvrent que la lessive, contenant certes de l’aloe vera et estampillée d’une belle grenouille verte, est fabriquée en Allemagne et importée par camion, une tête de mort signalant le risque qu’elle peut faire courir... Le contenant est en plastique mais pourtant, elle a gagné un écolabel européen. « On s’est dit que si l’Union européenne accordait son label à un tel produit, la planète était mal partie ! ». Complices dans le digital, ayant créé en particulier le site Hellocoton, nos deux entrepreneurs décident donc d’imaginer une lessive réellement écoresponsable, sans substances dangereuses pour la planète, réduisant les transports d’acheminement des produits de fabrication et repensant la distribution. Le produit de base, ils vont le créer en allant consulter un spécialiste marseillais. Le résultat : 99 % de produits naturels, du savon liquide, de l’huile de coprah et de lin, des enzymes et de l’alcool, hypoallergénique, délicatement parfumé à la lavande, à la fleur blanche ou sans odeur.

Vingt millions de bidons plastiques

Les ingrédients arrivent par containers et sont transformés à Paris dans des cuves, à l’atelier, en utilisant l’eau de la ville qui représente 50 % de la composition des lessives liquides. S’inspirant de la vieille pratique des bouteilles de lait consignées, ils imaginent par ailleurs un contenant en verre, fabriqué à Châlon-sur-Saône, recyclable, livré gratuitement à domicile aux clients par packs de quatre par une équipe de… cyclistes. Le tout emballé dans un petit casier en feutre très tendance, très léger et facile à ranger. Les bouteilles vides, consignées 6 € les quatre, sont récupérées, nettoyées et remplies pour resservir. « Une bouteille qui entre une fois dans Paris, n’en ressort plus et ne circule qu’à vélo. »

Les deux hommes y ont mis leurs économies, de l’énergie, et surtout calculent au plus serré. « Le succès de la Lessive de Paris, c’est aussi qu’on la propose à 6,90 € le litre, un prix incro­yable pour un produit aussi écoresponsable. Le prix n’est plus un frein. » Pourquoi la lessive ? « Réfléchissez au nombre de machines faites par jour dans une ville comme Paris ! Plus de 20 millions de bidons plastiques sur une année ! ».

Agir d’urgence

Le bouche à oreille fonctionne bien, avant même d’avoir enclenché la publicité : le site comme le produit est clair, les visiteurs deviennent assez rapidement des consommateurs et manifestement ils en redemandent. Et à défaut d’écolabel pour l’instant, ils ont obtenu le label « Fabriqué à Paris » organisé par la Ville et le premier prix du jury pour la catégorie produits manufacturés. « Chaque matin, nous savons pourquoi nous venons travailler : nous aidons les gens à avoir eux aussi, une attitude responsable. Le souci du climat doit venir d’en bas et pas d’en haut ! La fin des emballages plastiques a été planifiée à 2040 : face à l’urgence, c’est trop loin. C’est à nous d’agir. »

Atelier 134 rue d’Aubervilliers.
01 86 86 05 12 et le site : la lessive de paris

Photo : Jean-Claude N’Diaye

Dans le même numéro (janvier 2021)

  • Le dossier du mois

    La culture en ligne avec son public

    Annie Katz, Dominique Boutel, Sandra Mignot
    Confronté au confinement, le monde du spectacle, privé de son public, s'initie à de nouvelles pratiques. Enseignement à distance, réinvention du jeu scénique, retransmissions vidéos et accueil de compagnies en répétition imposent de nouveaux challenges.
  • La vie du 18e

    Vandalisme répété à la bibliothèque de la Goutte d’Or

    Marie-Odile Fargier
    Associations et habitants protestent dans une pétition contre l’insécurité croissante de leur quartier devenu « une zone de non droit ».
  • La vie du 18e

    Les bons plats à emporter dans le 18e

    Annick Amar, Annie Katz, Catherine Masson, Claire Rosemberg, Elise Coupas, Florianne Finet, Maryse Le Bras, Sandra Mignot, Séverine Bourguignon, Sophie Roux, Sylvie Chatelin
    Malgré l’interdiction du service en salle depuis novembre, bon nombre de restaurants ont choisi de rester ouverts en mettant en place un système de vente à emporter. Un moyen de limiter les pertes pour un secteur profondément touché par la crise sanitaire.
  • La vie du 18e

    Les associations vent debout contre le projet Gare du Nord 2024

    Dominique Gaucher
    Le projet de réaménagement de la Gare du Nord continue de provoquer l’opposition des associations d’usagers et habitants du secteur. Le permis de construire, délivré en juillet dernier, a suscité trois recours gracieux.
  • La vie du 18e

    Trois étoiles pour les fées de la rue Doudeauville

    Patrick Mallet
    Pas de baguette magique mais des chambres dans un hôtel loué par l’association Basiliade, pour y accueillir des femmes enceintes ou avec enfants, seules, à la rue et sans ressources.
  • Goutte d’or

    Bientôt un lieu d’accueil pour les livreurs ?

    Nina Le Clerre
    Après son vote en conseil d’arrondissement et la validation de son budget en Conseil de Paris, il ne manque plus qu’un local à la Maison des coursiers pour accueillir les livreurs entre deux courses.
  • Goutte d’or

    Santé et précarité : l’ADSF s’adapte

    Nina Le Clerre
    Le Repaire santé Barbès de l’ADSF a ouvert ses portes début octobre. Ce lieu qui propose un accompagnement médical et psychologique aux femmes en difficulté, s’adapte à la crise sanitaire avec des opérations ciblées.
  • Culture

    Spectacle : les professionnels dans la rue

    Sandra Mignot
    Le monde du spectacle descend dans la rue
  • Culture

    Ateliers créatifs, le défi numérique

    Dominique Boutel
    Comme tous les acteurs du monde culturel, l’association Art’Exprim repense, à travers le numérique, une nouvelle forme de lien avec ses adhérents.
  • Culture

    Ecole Claude Mathieu, apprendre à jouer masqué

    Annie Katz
    Premier ou deuxième confinement, ouvert ou fermé : comme l’ensemble du monde de la culture, l’enseignement du théâtre a dû s’adapter. Une forme de résistance...
  • Culture

    Derrière le rideau, la création résiste

    Dominique Boutel
    Derrière les portes fermées des théâtres
  • Les Gens

    Entre l’ombre et la lumière

    Sandra Mignot
    Codex Urbanus fait partie des artistes que la nuit révèle. Il saupoudre Montmartre de créatures chimériques au fil de ses envies et des surfaces disponibles.