Associations et habitants protestent dans une pétition contre l’insécurité croissante de leur quartier devenu « une zone de non droit ».
« Gardons nos portes et nos livres ouverts ! Le quartier veut vivre et lire. Nous, représentants d’associations et habitants du quartier de la Goutte d’Or, demandons aux pouvoirs publics d’intervenir rapidement face à la dégradation du quartier (…). » Plus d’une vingtaine d’associations et des centaines d’habitants lancent un nouveau signal d’alarme aux autorités (municipales, préfectorales et nationales) en signant massivement cette pétition dénonçant les « violences, incivilités, inégalités » et leur « impact sur les conditions de vie des habitants » et sur les conditions de travail et les actions des associations dans le quartier. Une délégation des signataires l’a remise le 6 janvier à la mairie et au commissariat.
À l’origine de cette protestation collective, des actes de vandalisme répétés contre la bibliothèque de la Goutte d’Or. Les agresseurs en ont brisé les parois vitrées le 16 novembre dernier, puis à nouveau le 14 décembre. Conséquence : la bibliothèque, qui devait rouvrir ses portes au public le 16 décembre, est restée fermée, faute de pouvoir assurer ses services dans des conditions de travail et de sécurité correctes pour le personnel et pour les visiteurs.
Rixes et lynchages
De son côté, l’équipe de la bibliothèque a adressé une lettre ouverte au président de la République, (avec copie au Premier ministre, aux ministres de l’Intérieur et de la Justice, au préfet de police et au Procureur de la République de Paris). Elle attire son attention sur « la zone de non-droit que constituent les rues environnant la bibliothèque municipale Goutte d’Or ». En cause, les multiples trafics alentour par des dizaines de dealers extérieurs au quartier : non seulement « les ventes illégales de cigarettes et de cannabis, déjà implantées depuis plusieurs années » mais encore, « depuis le premier confinement, le trafic des médicaments psychotropes (…). Les rixes entre dealers sont quotidiennes, très brutales ; nous assistons à des lynchages, des coups de couteau, des morts ». Des problèmes déjà signalés par l’Inter-associations de la Goutte d’Or le 22 octobre dernier, sans que des solutions efficaces aient été appliquées à ce jour par les autorités concernées.
Des mesures inefficaces
Consciente de ces problèmes, la Mairie avait pris des mesures : alarme, caméra, barrières autour du bâtiment, renforcement du service de sécurité municipal, vigile à l’entrée… Mais elle a, comme les associatifs, conscience de l’insuffisance de ces moyens. De même, les patrouilles de police ne font que suspendre un moment le trafic qui reprend de plus belle ensuite.
Tous s’accordent à demander une présence policière permanente dans ce secteur : « Nous ne pouvons accepter de vivre et de travailler dans un quartier où les pouvoirs publics laissent s’installer le non-droit, concluent les pétitionnaires. Nous ne pouvons accepter que la seule réponse à des questions d’insécurité soit de priver les habitant.e.s d’un service public (…). Nous souhaitons également qu’un comité citoyen soit intégré à la réflexion, ainsi qu’à l’analyse des résultats des mesures qui seront prises. » •