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janvier 2021 / Goutte d’or

Santé et précarité : l’ADSF s’adapte

par Nina Le Clerre

Le Repaire santé Barbès de l’ADSF a ouvert ses portes début octobre. Ce lieu qui propose un accompagnement médical et psychologique aux femmes en difficulté, s’adapte à la crise sanitaire avec des opérations ciblées.

Ce jeudi de décembre, Agir pour la santé des femmes (ADSF) a réorganisé ses locaux du 70 boulevard Barbès qu’elle occupe depuis octobre 2020*. Pilar, infirmière et sage-femme, fait passer des tests PCR de détection de la Covid-19 dans le camion garé au milieu de la cour. Plus haut, la salle habituellement dédiée à l’accueil de jour des femmes sans enfants s’est transformée en salle de vaccination contre la grippe, le tétanos ou la tuberculose. « Ces derniers mois, on a vu arriver beaucoup de femmes âgées qui ont pourtant des logements », s’inquiète Nadège Passereau, déléguée générale de l’ADSF. Elles souffrent souvent de maladies cardiovasculaires, de diabète et de cancers, une population très vulnérable face à la Covid ou à d’autres maladies.

Des besoins accrus avec la crise sanitaire

Mais ce ne sont pas les seules. Avec la crise sanitaire, la pauvreté a avancé et de nouveaux besoins sont apparus aussi chez les plus jeunes. « Les petits boulots, déclarés ou non, et le système D qui permettaient à beaucoup de survivre, ont disparu », constate Nadège Passereau. Ainsi, alors que l’ADSF a rencontré 1 117 femmes sur toute l’année 2019, ce chiffre a été atteint dès le mois de septembre en 2020.

De nouveaux besoins auxquels le Repaire santé Barbès permet de répondre en partie. Près de 500 femmes y ont déjà été accueillies à la mi-décembre. Une campagne de financement participatif en ligne a permis à l’ADSF de récolter la somme suffisante (27 980 €) pour achever ses travaux. « La salle où sont effectués les frottis a été finie hier ! » se réjouit une salariée.

Une approche globale de la santé des femmes

Créée en 2001, l’association propose aux femmes dans le besoin un accompagnement santé global. Mais avec la crise, l’accent a été mis sur la prévention du coronavirus tant à Barbès, comme ce jour-là, que dans les camions de l’association qui viennent à la rencontre des femmes aux abords des gares parisiennes et dans le bois de Vincennes.

Pendant ces maraudes, la distribution de kits d’hygiène permet d’entrer en contact avec les femmes sans être intrusif. « D’autant que, avec la pandémie, les femmes se retrouvent particulièrement isolées », constate Zineb, psychologue de l’ADSF. On trouve dans ces kits des produits de toilette, une brosse à dents, des serviettes hygiéniques ou encore des préservatifs.

Si elles le souhaitent, les femmes peuvent rencontrer une infirmière ou une psychologue dans le camion. C’est souvent à la suite de ce premier contact qu’elles se rendent dans l’une des structures de l’ADSF.

Environ 60 % des femmes que l’ADSF suit sont exilées. Parmi elles, certaines ont été victimes de violences. « Notre approche de leur santé ne se limite donc pas à la maladie mais aussi à la capacité physique et mentale dont elles disposent pour prendre en charge leurs problèmes », explique Nadège Passereau.

Les victimes de traite durement touchées

En particulier, l’ADSF tente d’apporter son aide aux femmes victimes de traite et forcées à la prostitution « très durement touchées par la crise sanitaire », selon la déléguée générale. Originaires principalement du Nigéria, ces jeunes femmes sont suivies par Alice, une des sept « femmes repaires » de l’ADSF, issues du programme d’insertion de l’association. Le principe : des femmes initialement aidées par l’association viennent à leur tour soutenir celles qui en ont besoin. Grâce à son anglais impeccable, Alice aide les jeunes femmes à prendre leurs rendez-vous médicaux et les accompagne. « Une relation de confiance s’est tissée entre Alice et elles », se réjouit la responsable. En témoignent les nombreuses jeunes femmes qui l’interpellent et la saluent chaleureusement dans la cour ce jour-là.

Car c’est aussi de la convivialité que les femmes viennent chercher au Repaire santé Barbès, ouvert tous les jours de 10 h à 17 h. Les femmes viennent s’y doucher, récupérer des vêtements et des produits d’hygiène mais elles viennent aussi discuter au chaud autour d’un café.

A l’avenir, d’autres opérations de vaccination pourraient être menées. « On attend de connaître les conditions exactes de vaccination contre la Covid-19 », anticipe Nadège Passereau

*En plus du Repaire santé Barbès, l’ADSF gère aussi le Repaire Santé de la porte de Saint-Ouen (18, rue Bernard Dimey) en journée et la Cité des dames (39, rue du Chevaleret 75013) ouverte jour et nuit. Elle participe également à la gestion des 17 places de la halte de nuit pour femmes installée récemment dans la mairie du 18e.

Photo : Thierry Nectoux

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