Après son vote en conseil d’arrondissement et la validation de son budget en Conseil de Paris, il ne manque plus qu’un local à la Maison des coursiers pour accueillir les livreurs entre deux courses.
Les livreurs et les coursiers n’ont aucun refuge où patienter et se mettre à l’abri entre leurs services du midi et du soir. C’est à partir de ce constat qu’a germé l’idée de la Maison des coursiers, votée par le conseil d’arrondissement du 18e, le 30 novembre dernier. « C’est encore plus problématique lorsqu’ils habitent loin, en banlieue par exemple », explique Kevin Poperl, vice-président et co-fondateur de CoopCycle, la fédération de coopératives de livreurs à vélo, en charge de la gestion du futur lieu. « Nous sommes actuellement en discussion avec l’Association pour l’accompagnement, le mieux-être et le logement des isolés (AMLI) qui occupe les locaux où nous souhaitons implanter la Maison des coursiers », ajoute-t-il.
« En théorie, les entreprises qui les emploient devraient mettre à disposition ce type de local dans le cadre de leurs obligations légales », rappelle Barbara Gomes, conseillère (PC) de Paris qui porte le projet. Mais comme elles ne s’y soumettent pas, l’élue voit dans cette structure une solution temporaire et pragmatique pour ces travailleurs précaires.
Construire un autre rapport de force
D’autant qu’ils n’y trouveront pas seulement un abri, des murs et des toilettes. La Mairie de Paris et CoopCycle entendent également en faire un espace de rencontre pour les livreurs envoyés aux quatre coins de la capitale par les algorithmes des applications de livraison. Avec la possibilité en prime de faire valoir leurs droits, pour ces autoentrepreneurs qui ne bénéficient actuellement d’aucune protection sociale dans le cadre de leur activité. Des discussions sont en cours avec le Collectif des livreurs autonomes de Paris (CLAP) afin d’ouvrir une permanence syndicale au sein de la Maison des coursiers. « Nous voulons aussi développer un accompagnement spécifique pour les travailleurs sans-papiers qui n’ont aucun recours possible contre les plateformes qui les emploient », ajoute Kevin Poperl. « Finalement, l’objectif est de construire un rapport de force plus favorable aux coursiers », résume Barbara Gomes.
Quant à ceux qui souhaiteraient s’émanciper totalement des plateformes de livraison, ils pourront bénéficier d’un accompagnement de CoopCycle afin de lancer leur propre structure. Pour accéder à cette aide, les coopératives de livreurs doivent simplement proposer à leurs employés les garanties dont ils ne bénéficient pas actuellement, le salariat, une rémunération suffisante et une couverture sociale.
Un amendement budgétaire de 35 000 € a été voté début décembre au Conseil de Paris, pour financer le projet. CoopCycle espère que la Maison des coursiers ouvrira ses portes en mars 2021. •