Le confinement a donné un nouvel élan au groupe d’entraide entre voisins du 18e sur Facebook, qui compte désormais près de 12 000 membres.
« Où trouver des roulés à la cannelle autour de Château Rouge ? » « Qui est intéressé par cette imprimante à récupérer ? » « Avez-vous un plombier efficace et pas trop cher à me conseiller ? » Difficile de faire plus hétéroclite que le groupe d’habitants du 18e, baptisé Collectif Paris 18, constitué voilà cinq ans sur le réseau social Facebook. Il faut dire qu’il accueille pas moins de 12 000 membres, ravis de pouvoir échanger bons plans et conseils en tout genre avec leurs voisins de quartier. Un chiffre en constante augmentation, portée par les confinements liés à la Covid-19.
Les règles sont simples : toutes les publications doivent concerner le 18e arrondissement et ses 195 000 habitants ou les alentours proches, tandis que les promotions de produits ou services ne sont pas autorisées, à quelques exceptions près. Seuls les dons sont acceptés, les ventes d’objets étant renvoyées vers un autre groupe, Le Vide-grenier du collectif Paris 18. Les principaux sujets ? Les dons de vêtements, la recherche d’un bon professionnel ou encore les meilleures adresses de restaurants ou boulangeries. Récemment, la publication d’une habitante, qui cherchait des voisins motivés pour faire du sport deux fois par semaine, a été commentée 150 fois. « Le site est en quelque sorte le nouveau Google du 18e ! Les réponses sont souvent bien plus précises et pertinentes », résume Lucie Bernheim, l’une des deux administratrices bénévoles du groupe, née dans le 18e il y a vingt-huit ans.
Solidarités
Outre le renforcement des liens entre habitants, rendu encore plus précieux pendant le confinement, le groupe s’est trouvé, depuis la crise sanitaire, une nouvelle vocation à travers le soutien – réel et non virtuel – aux commerçants locaux. « Nous avons lancé en décembre un marché éphémère avec uniquement des artisans implantés dans le 18e arrondissement », détaille Lucie Bernheim, qui est elle-même ébéniste. Les créateurs qui proposent des bijoux, des objets en bois ou encore des vêtements customisés ou en laine, ont été recrutés grâce au groupe Facebook. Ce marché devrait – si tout va bien – se poursuivre tous les week-ends jusqu’à la fin du mois. Pour aider les nombreux restaurants, une liste de ceux qui sont restés ouverts et qui proposent des plats à emporter a aussi été créée.
Autre initiative solidaire, l’organisation d’une journée du don en septembre, dans les locaux du restaurant Urban Greener, rue Muller, qui a ouvert il y a à peine un an. « On a invité les membres du groupe à déposer la veille tous les livres, vêtements, objets dont ils n’avaient plus besoin. Ça a très bien marché, donc on s’est retrouvés avec une quarantaine de gros sacs poubelles à offrir. La moitié a trouvé preneurs et l’équipe de la ressourcerie de la Goutte d’Or, le Poulpe, est passée en fin de journée avec son camion pour récupérer ce qui restait », souligne, enthousiaste, Lucie Bernheim. Devant le succès de cette opération solidaire, elle aimerait renouveler l’expérience dès la fin du confinement.
Échanges modérés
En attendant des jours meilleurs, la modération des échanges sur le collectif l’occupe déjà largement. Avec son amie co-administratrice, Juliette Berthiaux, elles passent chacune une à deux heures par jour à faire ce travail ingrat mais indispensable. Le temps de vérifier que les membres respectent bien les règles de fonctionnement, tant dans les publications que dans les 600 commentaires publiés chaque mois et qu’il ne s’agit pas de...robots. « En général, les échanges sont vraiment bienveillants, excepté peut-être les sujets sur l’immobilier, qui sont plus sensibles. Nous devons bloquer deux ou trois personnes par mois, en raison de leurs propos agressifs, pas plus », avance Lucie Bernheim. Comme quoi, les réseaux sociaux ne correspondent pas forcément à la jungle qu’on dépeint parfois… •
Photo : Jean-Claude N’Diaye