Le « rapatriement » d’une partie des élèves dans le 18e programmé pour le 1er mars aura-t-il lieu ? Cela dépendra de l’issue du bras de fer entre la Ville de Paris et la Région Ile-de-France.
Il y a 1 an le lycée Rabelais était fermé soudainement par la Région, propriétaire des locaux, pour des raisons de vétusté. Des photos édifiantes du bâtiment montraient le péril de travailler dans cet établissement (lire notre numéro 276). Depuis la rentrée de septembre le millier d’élèves de ce lycée a été éparpillé aux quatre coins de Paris et les élèves des sections d’enseignement général – les seules de tout le 18e – ont été répartis dans les lycées Bergson et Jacquard, loin de leur lieu de résidence. Pour les professeurs cela peut notamment aboutir à jongler entre plusieurs lieux d’enseignement. À la fin du premier trimestre une rixe a eu lieu devant le lycée Bergson et un élève de Rabelais, pour l’heure hors de danger, a été grièvement blessé. Élèves et professeurs ont alors pris conscience qu’ils n’étaient pas bienvenus dans ce secteur du 19e arrondissement.
Cela a-t-il poussé les administrations à « relocaliser » ces élèves ? Ce qui est sûr, c’est que comme dans un jeu de dominos, les élèves du collège Utrillo, qui jouxte le lycée Rabelais à la porte de Clignancourt, ont été hébergés dans une école désaffectée de la rue Championnet le temps que leur collège soit reconstruit. Alors que c’est chose faite, les locaux de la rue Championnet se trouvent disponibles. Un bâtiment « merveilleux » qui enthousiasme profs et élèves de Rabelais lors de la visite. Sauf que, dernier coup de théâtre en date, le conseil d’administration extraordinaire du lycée Rabelais, qui devait se tenir fin janvier pour valider la relocalisation a été reporté : les élus de la Ville de Paris sont « en attente d’un engagement écrit de la Région précisant que cette solution d’hébergement temporaire prendra fin au plus tard à la rentrée de septembre ».
Déménager
L’école, propriété de la Ville de Paris, sera investie à la rentrée 2021 par des élèves de maternelle. Alors, l’emménagement sera-t-il possible au 1er mars ? D’autant que « prévoir et réaliser les déménagements n’a jamais été le point fort de la Région » selon un des professeurs. Ses collègues s’inquiètent aussi qu’il n’y ait pas de salles spécifiques pour les enseignements expérimentaux, physique, chimie et SVT. Nul besoin, pour les futurs jeunes élèves, de ces équipements… qui sont indispensables pour les occupants temporaires qui doivent passer leurs épreuves du Bac.
Dernière inquiétude qui vient ternir la joie de revenir dans le 18e : il n’y aura plus l’an prochain de recrutement d’élèves de première année pour l’école d’infirmières et de travail social. Le projet de Rabelais qui « permet à des étudiants moins argentés, moins scolaires, de poursuivre des études se trouve donc amputé » de sa spécificité. Quant à reconstituer une communauté éducative que les déménagements ainsi que la crise sanitaire ont mise à mal ? « Ce sera l’objet de la saison 2 », dit un enseignant qui ne manque pas d’humour et avoue passer « du rire au larmes » dans cette situation ubuesque.
Illustration : Paul Dehedin