Finies les familles, jeunes retraités ou quadras actifs, la tour des Poissonniers va désormais loger des étudiants. C’est le choix qu’ont fait Paris Habitat et la Ville de Paris, bailleur et propriétaire de cette tour sexagénaire.
Les anciens locataires ont été relogés et les travaux de désamiantage sont déjà bien avancés. D’ici 2025, elle sera entièrement rénovée pour accueillir des étudiants en musicologie et en danse, ainsi que des jeunes travailleurs. Comme elle est exposée au bruit et à la pollution en bordure du périphérique (la filtration de l’air intérieur sera particulièrement travaillée), la durée de résidence y sera de trois à quatre ans maximum.
Que faire d’une vieille tour ?
La restructuration totale est ambitieuse. A l’angle de l’avenue de la porte des Poissonniers et en bordure du périphérique, le bâtiment construit par l’architecte Raymond Lopez en 1959 est mitoyen du stade des Poissonniers. La tour accueillera 157 logements de deux ou trois pièces, individuels ou en colocation, prévus pour 209 étudiants et jeunes actifs. Elle a été construite selon un principe de demi-étage qui créait sur la façade un jeu de colonnes de carreaux décalés assez réussi. Les architectes en charge du projet ont voulu lui redonner son esprit originel.
Elle avait déjà fait l’objet d’une rénovation pour une isolation par l’extérieur en 1989 qui l’avait transfigurée avec des façades unies aux couleurs pastel. Après qu’une destruction complète ait été envisagée au début des années 2010, le choix s’est porté finalement sur une restructuration. Seule modification de taille, pour densifier le nombre d’habitants et gagner de la surface, les façades nord et sud seront élargies jusqu’au deux tiers de la hauteur de l’immeuble.
A l’intérieur, les cages d’ascenseurs – à l’origine au centre des plateaux – seront excentrées pour offrir un espace ouvert, comme une invitation aux échanges entre voisins de palier. Les espaces communs et la convivialité sont au centre de la réflexion. En conséquence, l’immeuble abritera des lieux partagés tels qu’une cuisine permettant d’accéder au toit terrasse et des jardins, au-dessus des élargissements évoqués plus haut. A l’intérieur, en hauteur, un espace traversant sera dédié au sport et plus bas, côté sud au travail et à la lecture.
Un beau jardin et des espaces de répétition
Au rez-de-chaussée côté nord, l’entrée de la résidence accueillera un espace de 700 m2 dédié à la danse et aux arts vivants pour les étudiants. Derrière, en contrebas, donnant sur un rez-de-jardin, un espace vert arboré de près de 2000 m2. Il sera réagencé par une paysagiste mondialement connue, installée dans le 18e, Catherine Mosbach, qui a rejoint ce « petit » projet en voisine. Dans ce jardin, de petits locaux à toits plats enfoncés dans le sol à des hauteurs différentes et créant de loin un amas chaotique, abriteront des studios de répétitions qui s’intègreront dans la promenade.
Les étudiants, dont beaucoup en musicologie, se trouveront ainsi à cinq minutes de l’antenne de Paris Sorbonne rue Francis de Croisset, de l’autre côté du stade des Poissonniers. Ceux en licence ou en master de l’UFR de musicologie disposeront ainsi d’un cadre de vie et de conditions d’études de qualité. Cette nouvelle résidence étudiante, confirme la vocation universitaire de l’arrondissement avec le site de Paris Sorbonne et le campus Condorcet à porte d’Aubervilliers.
Un bâtiment d’avenir ?
Au-delà du changement de résidents, cette tour, une des premières de son genre, représente, pour qui s’intéresse au logement, à l’habitat ou à l’urbanisme, un témoin qui plonge dans l’histoire du XXe siècle parisien, annonçant les grandes tours et les cités des années 1960. Pour l’avenir, le projet de rénovation est en prise complète avec les préoccupations contemporaines liées autant à la qualité de vie, aux considérations écologiques et à la vie collective. Le 18e du mois reviendra sur les divers aspects saillants de ces évolutions pour penser l’habitat avec les parties en présence. •
Photo : Davide Del Giudice