Journal d’informations locales

Le 18e du mois

Abonnement

FacebookTwitter

avril 2022 / La vie du 18e

Dark stores, une certaine opacité

par Erwan Jourand

Vous n’en avez jamais vu ? Normal, ces lieux de stockage
se font très discrets et n’ont pas de vitrine. Ils sont pourtant dans le collimateur, car certains sont dans l’illégalité.

On les appelle les dark stores. Epicerie, restauration, fleurs etc, ils se dénomment Getir, Cajoo, Gorillas, Flink, Uber Eats… Ces entrepôts sans clients (ou entrepôts aveugles) promettent sur le Net des livraisons dans un délai de dix à quinze minutes chrono, après commande via une application en ligne. Ils seraient 60 dans Paris et proche banlieue (dont deux dans le 18e), auxquels s’ajoutent « au moins 30 dark kitchens » (dont quatre dans le 18e), selon un recensement non exhaustif de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) réalisé en début d’année 2022. Leur catalogue ne comporte que 1 500 à 2 000 références (à la différence des supermarchés et leurs « drive piétons »), celles des produits le plus souvent achetés par les consommateurs franciliens.

Non respect des règles d’urbanisme

Ces sociétés qui ont fleuri dans tout Paris sont dans le viseur de la municipalité qui menace de les attaquer en justice. Emile Meunier, adjoint (EELV) à la Mairie précise que ces dark stores sont « directement contre l’activité commerciale ordinaire. Ils ne tiennent pas compte des plans locaux d’urbanisme et les livreurs qui travaillent pour ces établissements doivent livrer dans un délai très bref, dans des conditions difficiles ». Le plan local d’urbanisme impose en effet aux façades de commerce d’être le « plus ouvertes possible » en évitant en particulier leur opacification.

Par ailleurs, les riverains se plaignent compte tenu de l’amplitude des horaires de fonctionnement, du va-et-vient des livreurs, de leur attroupement sur les trottoirs…

Début mars, Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) d’Anne Hidalgo, a convoqué une réunion avec l’ensemble des acteurs du commerce de livraison de courses ultra rapide. Il a indiqué à ceux qu’il estime dans l’illégalité (45 dans tout Paris) qu’ils devaient fermer leurs portes. « Ils se sont créés illégalement. Ils doivent fermer, au risque de se retrouver face à la justice pour infraction au Code de l’urbanisme. Il s’agit d’entrepôts, alors que les locaux dans lesquels ils ont été installés sont le plus souvent des locaux commerciaux. Ils auraient dû demander une autorisation, voire un permis de construire dans certains cas et ils ne l’ont pas fait », insiste le premier adjoint.

La Mairie a invité les acteurs qu’elle estime dans l’illégalité à se rapprocher d’elle pour trouver des alternatives. Selon le magazine de la consommation LSA, « plusieurs sociétés de quick commerce ont indiqué qu’elles se préparaient à modifier le fonctionnement de leurs points de distribution afin qu’ils puissent accueillir du public pour récupérer leurs commandes en ligne, se rapprochant de l’activité des « drive piétons » des distributeurs ». D’autres réunions sont prévues en Mairie afin de faire « un point sur l’état du droit, les voies de recours à la disposition de la Ville et à celle des riverains ». Un vœu a été déposé par le groupe écologiste en Conseil de Paris pour interdire ces activités. •

Dans le même numéro (avril 2022)

  • La vie du 18e

    Au collège : gastronomie sans frontières

    Danielle Fournier
    Des élèves portugais de l’Agrupamento de escolas Marquesa de Alorna sont venus de Lisbonne à la rencontre des élèves d’une classe de 3e du collège Gérard Philipe. Le fil de leurs rencontres : la gastronomie et le développement durable.
  • La vie du 18e

    Terrasses : bagarre pour l’espace public

    Erwan Jourand
    Ça se corse. S’il suffisait d’une simple formalité en pleine période de pandémie pour obtenir une terrasse éphémère, se voir attribuer le même espace à compter du 1er avril est une autre paire de manches.
  • La vie du 18e

    Une balade aux origines du rap français

    Dominique Boutel
    En deux heures d’un parcours commenté, Hip-hop Tour XVIII dévoile la face moins connue de la culture de l'arrondissement.
  • Le dossier du mois

    Réfugiés ukrainiens : accueil, témoignages, initiatives

    Dominique Boutel
    Durant une dizaine de jours, l’accueil des réfugiés ukrainiens arrivant à Paris, était assuré porte de La Chapelle.
  • La Chapelle

    Du théâtre de quartier, de Paname à New York

    Dominique Boutel
    Porté par Espoir 18 dans le quartier Chapelle-Goutte d’Or, le spectacle Bad Mamas créé par des habitants va franchir l’Atlantique.
  • Charles-Hermite-Evangile

    La tour des Poissonniers se refait une jeunesse

    Stéphane Bardinet
    Finies les familles, jeunes retraités ou quadras actifs, la tour des Poissonniers va désormais loger des étudiants. C’est le choix qu’ont fait Paris Habitat et la Ville de Paris, bailleur et propriétaire de cette tour sexagénaire.
  • Charles-Hermite-Evangile

    La Bonne Tambouille est orpheline [Article complet]

    Sylvie Chatelin
    Après Mme Sanchez, vestale de la rue Pajol, c’est maintenant Claude Field-Feldschuch, une autre figure de La Chapelle qui nous a quittés le 24 février.
  • La Goutte d’or

    Rédacteurs en herbe à la Goutte d’Or

    Lucien Déraillot
    Le thème de la bienvenue a inspiré les enfants qui ont laissé libre cours à leur créativité pour écrire des textes originaux et poétiques.
  • Culture

    Photo européenne : circulez, il y a beaucoup à voir !

    Dominique Boutel
    Le Festival de la jeune photographie européenne, dont c’est la 12e édition, est l’occasion de découvrir quels regards portent sur le monde les artistes d’aujourd’hui.
  • Les gens

    Toute une vie pour devenir soi

    Sandra Mignot
    Giovanna Rincon est la directrice de l’association Acceptess-T, qui lutte pour les droits des personnes transgenres. Elle s’est construite dans le refus des assignations et de la fatalité.

n° 230

octobre 2024