Vous n’en avez jamais vu ? Normal, ces lieux de stockage
se font très discrets et n’ont pas de vitrine. Ils sont pourtant dans le collimateur, car certains sont dans l’illégalité.
On les appelle les dark stores. Epicerie, restauration, fleurs etc, ils se dénomment Getir, Cajoo, Gorillas, Flink, Uber Eats… Ces entrepôts sans clients (ou entrepôts aveugles) promettent sur le Net des livraisons dans un délai de dix à quinze minutes chrono, après commande via une application en ligne. Ils seraient 60 dans Paris et proche banlieue (dont deux dans le 18e), auxquels s’ajoutent « au moins 30 dark kitchens » (dont quatre dans le 18e), selon un recensement non exhaustif de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR) réalisé en début d’année 2022. Leur catalogue ne comporte que 1 500 à 2 000 références (à la différence des supermarchés et leurs « drive piétons »), celles des produits le plus souvent achetés par les consommateurs franciliens.
Non respect des règles d’urbanisme
Ces sociétés qui ont fleuri dans tout Paris sont dans le viseur de la municipalité qui menace de les attaquer en justice. Emile Meunier, adjoint (EELV) à la Mairie précise que ces dark stores sont « directement contre l’activité commerciale ordinaire. Ils ne tiennent pas compte des plans locaux d’urbanisme et les livreurs qui travaillent pour ces établissements doivent livrer dans un délai très bref, dans des conditions difficiles ». Le plan local d’urbanisme impose en effet aux façades de commerce d’être le « plus ouvertes possible » en évitant en particulier leur opacification.
Par ailleurs, les riverains se plaignent compte tenu de l’amplitude des horaires de fonctionnement, du va-et-vient des livreurs, de leur attroupement sur les trottoirs…
Début mars, Emmanuel Grégoire, premier adjoint (PS) d’Anne Hidalgo, a convoqué une réunion avec l’ensemble des acteurs du commerce de livraison de courses ultra rapide. Il a indiqué à ceux qu’il estime dans l’illégalité (45 dans tout Paris) qu’ils devaient fermer leurs portes. « Ils se sont créés illégalement. Ils doivent fermer, au risque de se retrouver face à la justice pour infraction au Code de l’urbanisme. Il s’agit d’entrepôts, alors que les locaux dans lesquels ils ont été installés sont le plus souvent des locaux commerciaux. Ils auraient dû demander une autorisation, voire un permis de construire dans certains cas et ils ne l’ont pas fait », insiste le premier adjoint.
La Mairie a invité les acteurs qu’elle estime dans l’illégalité à se rapprocher d’elle pour trouver des alternatives. Selon le magazine de la consommation LSA, « plusieurs sociétés de quick commerce ont indiqué qu’elles se préparaient à modifier le fonctionnement de leurs points de distribution afin qu’ils puissent accueillir du public pour récupérer leurs commandes en ligne, se rapprochant de l’activité des « drive piétons » des distributeurs ». D’autres réunions sont prévues en Mairie afin de faire « un point sur l’état du droit, les voies de recours à la disposition de la Ville et à celle des riverains ». Un vœu a été déposé par le groupe écologiste en Conseil de Paris pour interdire ces activités. •