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avril 2021 / Clignancourt

Comme sur le zinc, à la maison

par Stéphane Bardinet

Pour survivre, Antoine Valo Berthon, barman dans le 18e, s’est lancé dans la livraison de cocktails maison.

Il s’appelle Antoine, il a 28 ans, vit en couple et habite de longue date le 18e. Depuis un an, sa vie est entre parenthèses. Avant, Antoine était barman, au bar Les Innocents qui venait juste d’ouvrir au croisement des rues Ordener et Clignancourt. Depuis que l’établissement est fermé pour cause de pandémie, il bénéficie du chômage partiel mais la situation est difficile : « J’aime beaucoup mon métier, donner du plaisir aux gens, mais c’est une activité pas très bien payée, entre 1 600 € et 2 000 € mensuels. Actuellement, mes collègues et moi touchons entre 800 et 1 200 €, avec un loyer parisien et les frais fixes, il ne reste plus rien pour vivre. Heureusement que ma compagne travaille. »

Au second confinement, pour s’en sortir malgré tout, les membres de l’équipe ont dû réagir. « L’un d’entre nous est retourné faire des chantiers, un autre fait de la livraison d’alcool, tout le monde se débrouille comme il peut mais on ne pourra pas vivre longtemps comme ça. » Antoine a cherché ce qu’il pouvait faire et surtout, ce qu’il aimerait faire : pour concilier plaisir et intérêt financier, il a créé son activité de livraison de cocktails à domicile.

Touche personnelle

« Je fais ce métier depuis très longtemps et je suis plutôt doué, je voulais retrouver le plaisir des rencontres. Alors je me suis lancé. » Depuis quelques mois, Antoine a peaufiné sa communication, de jolis posters rigolos en forme de menu sur ses pages Facebook et Instagram. Quelques inscriptions sur des réseaux de groupes du 18e et c’est tout.

La carte est simple, cinq cocktails en tout : Mojito, Cuba libre, Moscow mule, Jamaïcan mule et Cosmopolitan. « Pour des raisons logistiques, je me suis cantonné au rhum et à la vodka et aux cocktails les plus connus », vendus au verre et au litre. Antoine reçoit ses commandes, prépare dans sa cuisine et livre dans Paris et la proche banlieue avec sa voiture. « Tout est frais, je me sers auprès de mes fournisseurs habituels : alcools, fruits frais et arômes, je fais aussi mes petites macérations maison pour apporter ma touche personnelle. »

Les cocktails « maison pour la maison » d’Antoine n’en sont qu’à leurs premiers pas mais le jeune homme est si content de sa trouvaille qu’il pense à demain. « Je ne suis pas le premier à le faire mais comme ça me plaît énormément, je pense à me lancer à fond, une fois la crise passée. Pour le moment, j’ai commencé comme tout petit entrepreneur : la famille, les amis, le réseau. Je fais les démarches pour obtenir une licence portative de débit de boissons et ouvrir mon activité en micro-entreprise. »

Réinventer sa vie

Comme les chefs qui viennent cuisiner à domicile, Antoine se verrait bien tenir des soirées-bar chez les habitants. Si son activité ne lui rapporte pas beaucoup pour l’heure, il voit malgré tout dans cette crise une opportunité. « Cette histoire m’a donné du temps pour réfléchir sur moi-même et sur les façons d’avancer. D’un côté, il y a le naufrage des finances mais de l’autre, je me suis redécouvert et j’ai fait un point sur ma vie. »

Le verre : 6 euros, le litre : 20 euros (5 cocktails), les deux litres : 35 euros. Commande (minimum 20 euros) par tél. ou sms : 07 50 25 01 70.

A découvrir : son compte Instagram et sa page Facebook.

Illustration : Garance Courteville

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octobre 2024