Les tests salivaires sont arrivés dans les écoles, enfin dans quelques-unes d’entre-elles. La manière dont l’outil – présenté comme le moyen de maintenir les établissements ouverts – est utilisé pose nombre de questions.
En janvier 2020, test PCR, variant anglais, Pfizer-BioNTech, AstraZeneca, ARN messager ne faisaient pas partie de notre vocabulaire ni de nos préoccupations. Maintenant, qui les ignore ? Et voici le nouveau venu, le « test salivaire », présenté par le ministre de l’Éducation nationale comme « l’outil majeur pour maintenir les écoles ouvertes ». L’objectif était de 40 000 tests par semaine en Île-de-France, dès le mois de mars, avant la « montée en puissance », avec l’idée de « briser la chaîne de contamination ». Après une première quinzaine, « ça flambe » disent les concernés et visiblement la chaîne se renforce.
Dans le 18e, deux écoles par circonscription, dites sentinelles, ont participé à cette campagne. Après ce premier round, il a été décidé, selon la Mairie, que « devant la flambée de l’épidémie dans certains endroits » les tests auraient lieu prioritairement dans les écoles signalées et en fonction de critères sanitaires.
Comment se passent les tests ? Nous avons rencontré Anaïs, à l’école Françoise Dorléac. Le quartier est particulièrement touché, et sa classe a été fermée car trois cas de Covid y ont été détectés par les tests salivaires. Et quand la classe est fermée, retour à la visio conférence, ce qui ne rend que plus précieux encore le temps passé « en présentiel ». Quelques consignes doivent être respectées avant la réalisation du test : le consentement des parents est obligatoire, mais pas le test. Le prélèvement doit être réalisé au moins trente minutes après avoir bu ou mangé. Les enfants, par groupes de quatre sont invités à aller dans une salle spéciale et à cracher dans un flacon. Attention, pas si facile de cracher sans faire de mousse, juste faire couler la salive ; il a fallu expliquer la technique !
Résultats en 48 heures...ou quatre jours !
L’échantillon est ensuite envoyé en laboratoire et le résultat est connu entre 24 et 48 h. Pas de quoi désengorger les laboratoires d’analyse. Ce sont les parents qui reçoivent les résultats et les communiquent (ou non !) à l’école. Pour Anaïs, ils sont arrivés quatre jours après… Les enfants étaient partagés « entre excitation, gêne et peur » et sont sortis « le plus souvent contents, certains tristes de ne pas être arrivés à cracher, et d’autres énervés contre la maîtresse », responsable de ces tests, selon eux... Comme souvent en la matière, une déclaration du ministre de l’Éducation nationale est venue bousculer ce qui était vérité la semaine précédente : depuis le 29 mars, dès qu’un élève est positif sa classe doit être fermée. En maternelle, selon Laurent Ribaud, directeur de l’école Richomme, c’était déjà le cas. Dans cet établissement, qui ne faisait pas partie des sentinelles, la moitié des classes est fermée et lui aussi parle de « flambée de l’épidémie ». « Quand la classe est fermée, les enseignants préparent des activités pour les enfants, impriment des docs que les parents viennent chercher. Tout le monde n’a pas une imprimante à la maison, ni même un ordinateur », surtout quand l’école est classée REP. Le travail des enseignants se trouve démultiplié mais le contact avec l’école et les apprentissages n’est pas rompu.
Les tests sont gratuits… sauf pour les enseignants qui doivent débourser 1 ¤ par test effectué. Une pétition circule, largement signée par les parents qui « comprennent que pour accueillir les enfants en sécurité il faut que les enseignants soient protégés ». C’est aussi la position de la Mairie du 18e qui « veut des doses de vaccins pour TOUS les personnels, pour protéger un maximum les adultes, en crèche comme dans les écoles ». Malheureusement, l’Etat ne semble pas au diapason. •
Cet article a été rédigé avant les éventuelles annonces liées au Conseil de défense sanitaire du 31 mars.
Illustration : Olga Blomme