Arpenter les lieux où se sont déroulés les évènements majeurs de la Commune, découvrir les traces encore existantes de ce passé révolutionnaire, y associer musiques d’hier et d’aujourd’hui, tel est le projet de podcast « baladeur » qu’ont imaginé Manola Bouley et Timothée Peignier, deux jeunes Parisiens, passionnés d’art, d’histoire et de sons.
Un téléphone, de bonnes chaussures, une heure de liberté, voilà ce qu’il faut pour apprécier Les Échos de la Commune. Une balade sonore immersive d’environ une heure qui donnera à ceux qui l’écoutent le sentiment de participer à l’un des évènements fondateurs des grandes révolutions du XXe siècle, la Commune de Paris, sur les lieux où elle s’est en grande partie déroulée, Montmartre et alentour.
En dix épisodes, le podcast fait revivre, date par date, les moments forts des 72 jours qui ont marqué l’histoire. Dans chaque épisode, le comédien Dominique Collignon-Morin s’empare de la partie historique qu’ont écrite nos deux auteurs et qu’ils ont fait valider par les historiens des Amies et amis de la Commune de Paris 1871. Grand témoin de l’époque, Louise Michel qui, grâce à ses Mémoires, permet encore maintenant de vivre quasiment au jour le jour ces moments intenses et de comprendre les idées qui ont traversé le projet révolutionnaire. Elle est interprétée par la comédienne Barbara Bouley. Quant à la jeune Yasmine Lavoine, la voix de la guide, elle aide le promeneur curieux à découvrir le patrimoine qui témoigne encore de la Commune et permet de passer d’un lieu à un autre.
Les choix musicaux qui accompagnent les trajets, relient le passé au présent, avec un mix entre chants d’époque et musique urbaine, des rappeurs principalement, tous issus du 18e : Lefar, Hugo TSR, Davodka, Kerry James, la Scred Connexion, choisis parce qu’ils expriment « la survie de l’esprit communard et révolutionnaire », explique Timothée.
Ancrer l’histoire dans le réel
Rien ne prédisposait les deux jeunes auteurs, a priori, à imaginer cette aventure, si ce n’est leur goût commun pour une réhabilitation de la mémoire historique, certainement né de leur passé militant en tant qu’étudiants. Ils se sont rencontrés sur leur lieu de travail, un musée, et les choses se sont enclenchées naturellement : « On s’intéressait au point de vue des “perdants”, qui n’ont pas tant perdu puisque leurs idéaux résonnent encore aujourd’hui », résume Timothée. C’était en octobre dernier. Depuis il y a eu beaucoup de travail, la recherche des lieux emblématiques de ce patrimoine, l’écriture, des enregistrements en studio, des recherches sonores, le mixage, aidés par certains chanteurs, Mokless en particulier, la radio locale RapTz, La Maison du geste et de l’image, les Amies et amis de la Commune, et financièrement par la Mairie du 18e, la Mairie de Paris s’étant finalement désengagée malgré ses promesses.
Nos deux passionnés en sont donc de leur poche, mais cela n’a pas entamé leur désir tout neuf de se lancer dans d’autres aventures sonores, dont ils ont déjà l’idée : « Le son est un merveilleux support, beaucoup plus évocateur que d’autres. Et le côté balade autonome, ancrer dans le réel un récit historique, nous plaît beaucoup ».
L’écoute est complètement gratuite, c’est le modèle économique qu’ont voulu les auteurs. Les podcasts sont disponibles sur les plateformes de streaming et hébergés par l’association Ex cursus.
Pour ceux qui auront la flemme de sortir, Timothée et Manola ont rendu « tangible le trajet, en donnant les noms de rues, les temps de trajets… ». On peut donc écouter la totalité des épisodes sur les plateformes qui diffusent les musiques : Deezer, Spotify, pour ne citer qu’elles, depuis son salon.
Les Echos de la Commune, une balade historique et musicale dans le Montmartre de Louise Michel.