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avril 2021 / Le printemps de la commune

Balades comme si on y était [Article complet]

par Dominique Boutel

Arpenter les lieux où se sont déroulés les évènements majeurs de la Commune, découvrir les traces encore existantes de ce passé révolutionnaire, y associer musiques d’hier et d’aujourd’hui, tel est le projet de podcast « baladeur » qu’ont imaginé Manola Bouley et Timothée Peignier, deux jeunes Parisiens, passionnés d’art, d’histoire et de sons.

Un téléphone, de bonnes chaussures, une heure de liberté, voilà ce qu’il faut pour apprécier Les Échos de la Commune. Une balade sonore immersive d’environ une heure qui donnera à ceux qui l’écoutent le sentiment de participer à l’un des évènements fondateurs des grandes révolutions du XXe siècle, la Commune de Paris, sur les lieux où elle s’est en grande partie déroulée, Montmartre et alentour.

En dix épisodes, le podcast fait revivre, date par date, les moments forts des 72 jours qui ont marqué l’histoire. Dans chaque épisode, le comédien Dominique Collignon-Morin s’empare de la partie historique qu’ont écrite nos deux auteurs et qu’ils ont fait valider par les historiens des Amies et amis de la Commune de Paris 1871. Grand témoin de l’époque, Louise Michel qui, grâce à ses Mémoires, permet encore maintenant de vivre quasiment au jour le jour ces moments intenses et de comprendre les idées qui ont traversé le projet révolutionnaire. Elle est interprétée par la comédienne Barbara Bouley. Quant à la jeune Yasmine Lavoine, la voix de la guide, elle aide le promeneur curieux à découvrir le patrimoine qui témoigne encore de la Commune et permet de passer d’un lieu à un autre.

Les choix musicaux qui accompagnent les trajets, relient le passé au présent, avec un mix entre chants d’époque et musique urbaine, des rappeurs principalement, tous issus du 18e : Lefar, Hugo TSR, Davodka, Kerry James, la Scred Connexion, choisis parce qu’ils expriment « la survie de l’esprit communard et révolutionnaire », explique Timothée.

Ancrer l’histoire dans le réel

Rien ne prédisposait les deux jeunes auteurs, a priori, à imaginer cette aventure, si ce n’est leur goût commun pour une réhabilitation de la mémoire historique, certainement né de leur passé militant en tant qu’étudiants. Ils se sont rencontrés sur leur lieu de travail, un musée, et les choses se sont enclenchées naturellement : « On s’intéressait au point de vue des “perdants”, qui n’ont pas tant perdu puisque leurs idéaux résonnent encore aujourd’hui », résume Timothée. C’était en octobre dernier. Depuis il y a eu beaucoup de travail, la recherche des lieux emblématiques de ce patrimoine, l’écriture, des enregistrements en studio, des recherches sonores, le mixage, aidés par certains chanteurs, Mokless en particulier, la radio locale RapTz, La Maison du geste et de l’image, les Amies et amis de la Commune, et financièrement par la Mairie du 18e, la Mairie de Paris s’étant finalement désengagée malgré ses promesses.

Nos deux passionnés en sont donc de leur poche, mais cela n’a pas entamé leur désir tout neuf de se lancer dans d’autres aventures sonores, dont ils ont déjà l’idée : « Le son est un merveilleux support, beaucoup plus évocateur que d’autres. Et le côté balade autonome, ancrer dans le réel un récit historique, nous plaît beaucoup ».

L’écoute est complètement gratuite, c’est le modèle économique qu’ont voulu les auteurs. Les podcasts sont disponibles sur les plateformes de streaming et hébergés par l’association Ex cursus.

Pour ceux qui auront la flemme de sortir, Timothée et Manola ont rendu « tangible le trajet, en donnant les noms de rues, les temps de trajets…  ». On peut donc écouter la totalité des épisodes sur les plateformes qui diffusent les musiques : Deezer, Spotify, pour ne citer qu’elles, depuis son salon.

Les Echos de la Commune, une balade historique et musicale dans le Montmartre de Louise Michel.

Dans le même numéro (avril 2021)

  • Le dossier du mois

    Patrimoine et cadre de vie : les habitants prennent l’initiative

    Brigitte Batonnier, Dominique Gaucher, Sophie Roux
    Que ce soit pour sauver un bâtiment historique de la démolition, lutter contre la surdensification de l'habitat, proposer le réaménagement d'une rue pour donner plus de place aux piétons, au végétal et au lien social, ou encore préserver les abords d'une église classée, des riverains se concertent, montent des dossiers, proposent des projets afin de sauver des trésors du 18e et proposer des cadres de vie citoyens et responsables.
  • Le printemps de la commune

    Images et Imaginaires

    Danielle Fournier
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    10 bis rue Muller : Cyclope sacrifié sur l’autel de l’immobilier

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    L’utilisation croissante des vélos à moteur s’est traduite par de nombreuses pannes et une forte hausse des dépenses de maintenance. La Mairie envisage un ajustement des tarifs.
  • La vie du 18e

    Tests salivaires, à quoi ça sert ?

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    Les tests salivaires sont arrivés dans les écoles, enfin dans quelques-unes d’entre-elles. La manière dont l’outil – présenté comme le moyen de maintenir les établissements ouverts – est utilisé pose nombre de questions.
  • La vie du 18e

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    Quatre ateliers associant des habitants préparent le retour en gestion directe des cantines. Le contrat avec la Sogeres, prestataire privé, se termine en 2023.
  • La vie du 18e

    Mal-logés en colère

    Unt’ Margaria
    Logements insalubres, petits, les confinements successifs ont aggravé les conditions de vie des mal-logés et la situation ne va pas s’arranger de sitôt.
  • Clignancourt

    Comme sur le zinc, à la maison

    Stéphane Bardinet
    Pour survivre, Antoine Valo Berthon, barman dans le 18e, s’est lancé dans la livraison de cocktails maison.
  • Montmartre

    Ça ne coule pas de source

    Samuel Cincinnatus
    C’est un petit miracle quotidien dont nous ne pourrions plus nous passer, on tourne un robinet et l’eau coule dans nos éviers et dans nos douches.
  • Les gens

    Jean-Claude Casadesus, montmartrois d’origine

    Dominique Boutel
    Sans être un « poulbot », un enfant des rues, il a pourtant joué avec eux et a grandi au cœur de Montmartre, qu’il n’a jamais quitté longtemps.

n° 230

octobre 2024